Abdeslam affirme avoir «attaqué la France» car elle a bombardé Daesh et non «à cause de ses valeurs»
- Avec AFP
Le terroriste islamiste Salah Abdeslam a justifié sa participation aux attentats du 13 novembre 2015 par l'intervention militaire française contre Daesh en Syrie. Pour lui, les terroristes «sont des musulmans» pratiquant un «islam authentique».
«Bonjour à tous, je serai un peu plus long», a lancé Salah Abdeslam, 32 ans, ce 15 septembre, semblant à l'aise derrière le box vitré au moment de prendre la parole à la suite de ses 13 coaccusés. Un silence de plomb s'est abattu sur l'immense salle d'audience quand Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, s'est levé, à l'invitation du président de la cour d'assises spéciale de Paris.
D'une voix pesée, mesurée, qui contraste avec ses vitupérations des premiers jours d'audience, il a discouru pendant cinq minutes sur la politique française au Moyen-Orient, de Jacques Chirac à François Hollande, ou donné sa propre définition des «terroristes, djihadistes, radicalisés».
«Il ne s'agit que d'islam authentique», explique Salah Abdeslam
«Moi je vous dis : on a combattu la France, on a attaqué la France, on a visé la population, des civils, mais en réalité on n'a rien de personnel contre ces gens-là, on a visé la France et rien d'autre», a affirmé Salah Abdeslam, blâmant les «avions français qui ont bombardé l'Etat islamique, les hommes, les femmes, les enfants».
«François Hollande a dit que nous avons combattu la France à cause de ses valeurs, mais c'est un mensonge», a-t-il ajouté, blâmant les «avions français qui ont bombardé l'Etat islamique, les hommes, les femmes, les enfants». «François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l'Etat islamique en Syrie», a accusé le Franco-Marocain.
«En réalité, il ne s'agit que d'islam authentique, et ces terroristes, ces radicaux sont des musulmans», a-t-il encore analysé calmement, masque noir baissé sur sa barbe garnie, t-shirt sombre et veste polaire foncée sur le dos.
«J'essaie d'être le plus clair possible, je sais que je peux choquer, heurter des gens, surtout les plus sensibles. On dit de moi que je suis provocateur, mais moi je veux être sincère avec ces gens-là et ne pas leur mentir», a conclu Salah Abdeslam en assurant que «le but n'[était] pas de blesser».
Les autres accusés ont brièvement pris la parole. Certains ont exprimé leur «compassion» avec les victimes mais réfuté être des «terroristes», d'autres ont reconnu une partie des faits qui leur sont reprochés. Une partie d'entre eux a préféré refuser de s'exprimer à ce stade. L'audience se poursuivait avec l'audition d'un enquêteur de la brigade criminelle de Paris, sur le parcours réalisé par les commandos le soir des attentats, les plus sanglants jamais commis en France.
Vingt personnes au total comparaissent devant les assises spéciales, dont six par défaut.