A Brive, un hôpital embauche des acteurs pour jouer des faux patients afin d'évaluer le personnel
Des acteurs ont été embauchés par la direction de l'hôpital de Brive pour tester ses agents. Une méthode dénoncée par un représentant syndical de la CFDT, alors que la direction assume et veut répéter l'expérience.
La Montagne révèle le 2 décembre que la direction de l'hôpital de Brive, en Corrèze, a décidé d'engager des comédiens dans six de ses services pour incarner de faux patients, afin de tester les agents. Ce test s'est déroulé entre le 15 et le 25 novembre et seuls les cadres de service et médecins-chefs de pôle étaient au courant de la manœuvre.
Selon le récit rapporté par France bleu, l'un des comédiens aurait pris son rôle trop à cœur, allant jusqu'à faire perdre du temps aux soignants. Ainsi, le média explique qu'il «devait jouer le patient égaré mais a surtout semé la zizanie», en simulant «des troubles psychologiques sérieux pour ne pas dire sévères», selon les propos du responsable de la section CFDT à l'hôpital de Brive, Jean-Pierre Salès. Ce dernier ajoute : «Un infirmier a dû venir au secours de la secrétaire. Puis un médecin a dû abréger sa consultation pour venir en aide à l'infirmier. C'est une perte de temps. C'est regrettable, lamentable, minable d'agir ainsi.»
L'acteur aurait fini par stopper son sketch, avouant son rôle. Jean Pierre Salès pour France bleu a exprimé son écœurement : «Il y a le Covid qui s'ajoute à ça actuellement. L'hôpital de Brive a déclenché le plan Blanc. Quand une période est compliquée et c'est le cas pour le personnel, on fait tout pour l'améliorer et on évite de rajouter de la tension.»
Néanmoins, la direction de l'hôpital assume, l'objectif étant de «s'améliorer», d'après des propos rapportés par France bleu. Une expérience similaire serait prévue en 2022, avec pour ambition «l'obtention de la certification Experts visiteurs». Auprès de France bleu, le directeur adjoint Michel Da Cunha assure qu'en grande majorité les relations entre les comédiens et les agents se sont bien passées. Un constat contesté par Jean-Pierre Salès : «Les retours négatifs ne sont pas minimes. Ils sont massifs. La majorité des soignants est écœuré. C'est un manque de confiance. La rupture est là. Il faut faire attention.»