Crise migratoire à Lesbos : «sans une réponse globale, même de nouveaux cimetières ne suffiront pas»
Alors que toujours plus de réfugiés continuent d’arriver à Lesbos, son maire a parlé en détail à RT de la situation sur cette île grecque, où les autorités n’arrivent pas à trouver de la place pour tous les corps des migrants décédés lors du voyage.
«Nous n’avons tout simplement plus de place pour les enterrer», a raconté à RT le maire de Mytilène, la plus grande ville de Lesbos, Spyros Galinos. «Actuellement, nous avons plus de 60 corps dans la morgue. Nous avons même installé des containers à l’extérieur de celle-ci pour stocker le reste des dépouilles, en attendant la construction du nouveau cimetière», a-t-il poursuivi.
Les autorités de Lesbos luttent désespérément pour créer de nouveaux sites capables d’accueillir les sépultures, mais n’arrivent tout simplement pas à gérer l’afflux des migrants, a révélé à RT le plus haut responsable de cette île minuscule, au centre des tensions migratoires cette année.
En vérité, les autres localités de l’île possèdent des structures capables d’accueillir les dépouilles des migrants et de la place dans leurs cimetières, mais les autorités estiment qu’il serait «inhumain» de disséminer les corps de ces personnes partout dans l’île.
«Il est probable que leurs parents voudront se recueillir sur ces tombes dans l’avenir, et il sera plus difficile pour eux de les trouver si celles-ci sont réparties dans plusieurs villages», a expliqué Spyros Galinos. «Il est important d’avoir un seul cimetière que l’on peut visiter, pour qu’on puisse en plus voir combien de personnes ont péri dans la mer Egée suite au manque de volonté de la part de certaines personnes à mettre fin à cette situation terrible».
Des milliers de réfugiés se dirigent vers Lesbos depuis les côtes turques, entreprenant un voyage périlleux dans de petites embarcations surchargées. Des dizaines de corps sont retrouvés chaque jour sur les plages de Lesbos, alors que 3 432 migrants au total se sont noyés ou ont été portés disparus dans la Méditerranée en 2015.
«Ces gens, qui échappent à la mort pour retrouver l’espoir trouvent finalement la mort, et ne peuvent atteindre la paix, même après leur propre décès», regrette Spyros Galinos. «Cependant, si on ne trouve pas une solution globale à cette crise, j’ai peur que même les nouveaux cimetières ne suffiront pas», a-t-il aussitôt souligné, alors que l’île accueille toujours plus de migrants.
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A l’approche de l’hiver, nombreux étaient ceux qui estimaient que l’afflux des réfugiés sur Lesbos allait ralentir. Cependant, les chiffres restent à un niveau extrêmement élevé, même si les intempéries commencent à s’ajouter aux difficultés d’un voyage déjà risqué pour des milliers de personnes.
A Calais, le froid s'installe
L’hiver se fait déjà sentir partout en Europe, même dans les pays plus riches. Notre équipe s’est déplacée en France, à Calais, dans la jungle qui voit chaque jour une centaine de nouveaux arrivants. Alors que quelque 6 000 migrants y sont installés, d’après le ministère de l’Intérieur, le gouvernement ne leur a toujours pas fourni un accès adéquat à l’eau et au chauffage, laissant ceux qui y habitent pratiquement démunis face à l’arrivée de l’hiver.
Suite à la baisse des températures, le Premier ministre du Luxembourg a appelé l’UE à faire le maximum pour éviter la mort de réfugiés.
800 000 personnes sont déjà arrivées sur les côtes européennes en qualité de réfugié, d’après les données du projet Missing Migrants. Selon les estimations de l’ONU mises à jour en novembre, 600 000 personnes supplémentaires devraient arriver en UE depuis la Turquie entre novembre 2015 et février 2016.