Ukraine : la Hongrie ne décolère pas suite à la mise au ban d’une de ses banques par Kiev
Budapest maintient son veto au déblocage d'une nouvelle enveloppe européenne, destinée à rembourser les armes fournies à l'Ukraine, tant que Kiev n’aura pas retiré la première banque hongroise de sa liste des «sponsors internationaux de la guerre».
Budapest est de nouveau courroucé par l’attitude de Kiev à son égard. Alors que se profile à Bruxelles l’adoption d'un nouveau paquet de sanctions antirusses, la Hongrie a fait savoir qu’elle n’approuverait pas la prochaine enveloppe de 500 millions d'euros d’aide militaire à Kiev tant que la première banque hongroise, OTP Bank, serait dans le collimateur des autorités ukrainiennes.
Poids lourd de la bourse de Budapest, qui continue d'opérer en Russie, OTP Bank a été placé début mai sur la liste des «sponsors internationaux de la guerre» par l'Agence nationale de prévention de la corruption (ANCP), appelant ainsi à son boycott. Selon l’agence kiévienne, la banque hongroise «accorde des conditions de crédit préférentielles aux militaires russes, c'est-à-dire qu'elle les récompense pour les crimes de guerre qu'ils ont commis».
«Nous exigeons que les Ukrainiens retirent OTP de la liste des sponsors de la guerre internationale», a déclaré à la presse le chef de la diplomatie magyare Peter Szijjarto, en marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles le 22 mai. «Tant que cela ne se produira pas, nous ne donnerons pas notre consentement pour allouer ces 500 millions d'euros aux pays de l'UE en compensation de leurs dépenses d'armement à l'Ukraine», a ajouté le diplomate.
Une demande que Peter Szijjarto avait déjà formulée le 17 mai, dénonçant «l'attitude de plus en plus hostile de l'Ukraine vis-à-vis de la Hongrie» et qualifiant d’«injustifiable» cette mise au ban d’OTP par Kiev. Le diplomate hongrois avait par ailleurs jugé que ce versement de 500 millions d’euros «augmenterait le risque d'escalade du conflit».
Des menaces constantes sur les liens entre la Hongrie et la Russie
Une semaine plus tôt, la société publique russe de transport d’hydrocarbures Transneft faisait état d’une «tentative d’attentat terroriste» contre les installations du pipeline Drouzhba dans la région russe de Briansk, frontalière de l’Ukraine. La branche sud de cet oléoduc, reliant la Russie à plusieurs pays d’Europe centrale, traverse l’Ukraine pour alimenter directement la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie, trois pays ayant obtenu une dérogation de Bruxelles pour continuer leurs importations de pétrole russe. C’est via cet axe que la Hongrie continue de recevoir la majeure partie de son pétrole.
Peter Szijjarto avait vivement réagi à l’annonce de cette attaque à Briansk. «En Europe, en particulier en Europe centrale, il y a des pays qui achètent du pétrole à la Russie, c'est pourquoi il est évident que l'attaque envisagée contre l'oléoduc reliant la Russie à l'Europe vise notre sécurité, alors que notre sécurité énergétique est une question de souveraineté», avait-il déclaré le 11 mai lors d’une conférence de presse avec le ministre bulgare de l’Energie.
Depuis le début du conflit en Ukraine, l'exécutif magyar refuse de fournir des armes à Kiev, préférant appeler à la conclusion d'un cessez-le-feu et à l'ouverture de négociations de paix. La Hongrie dénonce également comme contre-productives les sanctions visant le secteur énergétique russe, qui pénaliseraient selon elle davantage les pays européens que la Russie.