«Toutes les armes du monde» n’aideront pas l’Ukraine à vaincre la Russie, estime Robert Fico
Dans une interview publiée ce 22 décembre, le Premier ministre slovaque a estimé qu’il n’y avait pas d’issue militaire au conflit en Ukraine. Selon Robert Fico, même avec le soutien occidental, Kiev ne pourra pas l’emporter sur la Russie.
Dans un long entretien accordé au quotidien Pravda, publié ce 22 décembre, le Premier ministre slovaque Robert Fico a dressé un bilan peu élogieux du soutien occidental à l’Ukraine.
Interrogé sur ce à quoi ressemblerait le monde si la Russie venait à l’emporter en Ukraine, à l’heure où les chancelleries occidentales détournent leur regard vers le Proche-Orient, le nouveau chef du gouvernement slovaque a pointé du doigt les promesses que ces dernières firent à Kiev au début du conflit.
«Peu de temps après le début de la guerre, il y avait deux opportunités de négociations de paix» a-t-il rappelé. «L’Ukraine était également prête à signer un accord avec la Russie. Mais ensuite, ils ont interdit à Zelensky de signer un accord de paix», poursuit Fico, évoquant les négociations d'Istanbul au mois de mars 2022, qui auraient pu déboucher sur le statut de neutralité de l'Ukraine. Les puissances occidentales avaient alors enjoints Kiev à poursuivre les combats.
La Russie dictera «les termes du règlement de ce conflit»
«Il s’agissait d’un plan utilisant l’Ukraine» fustige-t-il. Or,, «ce plan ne pourra jamais fonctionner, c’est une incompréhension totale de la réalité et de la position réelle de la Fédération de Russie», ajoute Robert Fico. Pour ce dernier, «il n’y a pas de solution militaire» et les Occidentaux doivent admettre que «l’Ukraine ne dispose pas de suffisamment de forces pour inverser militairement la situation». Selon Fico, l’Ukraine est «incapable» de mener une «contre-offensive».
«Nous pouvons y déverser toutes les armes du monde, tout l’argent, mais la Russie ne sera jamais vaincue militairement», poursuit-il, avant de conclure : «nous passons maintenant de 2023 à 2024 et nous verrons que la Russie commencera à dicter les termes du règlement de ce conflit».
L'UE ne peut financer seule l'Ukraine
Relancé sur le fait que la Russie a déjà subi des revers militaires en Ukraine, Fico insiste sur le fait que les forces russes contrôlent le Donbass et la Crimée. A ses yeux, «seule une personne naïve peut imaginer […] que la Russie quittera ces territoires» à l’issue de négociations.
Alors que le leadership aux Etats-Unis pourrait changer de visage à l’issue des élections présidentielles de novembre 2024, Fico estime que les Européens ne pourront pas maintenir leur soutien à Kiev sans celui de Washington. «S’il n’y a pas de soutien des États-Unis à l’Ukraine, l’Union européenne ne sera pas en mesure de financer l’Ukraine à long terme», affirme-t-il, soulignant qu’actuellement Bruxelles «fournit à l’Ukraine un milliard et demi d’euros par mois».
Selon le dirigeant slovaque, les Européens devront là aussi admettre cette situation. «Tout comme l’Afghanistan a été douloureux, il sera douloureux d’admettre que tout a complètement échoué», assure-t-il.
Premier ministre depuis le mois d'octobre, Robert Fico a nettement infléchi la position de Bratislava à l'égard du conflit ukrainien. S'il condamne l’intervention russe en Ukraine, Fico plaide pour des négociations de paix immédiates et a annoncé l'arrêt des livraisons d'armes à Kiev. «Nous considérons l'aide à l'Ukraine uniquement comme une aide humanitaire et civile, nous ne fournirons plus d'armes à l'Ukraine», avait-il déclaré le 26 octobre, au lendemain de son arrivée au pouvoir.