Les États-Unis lancent des expulsions volontaires rémunérées : 64 migrants renvoyés au Honduras et en Colombie

Contre une aide de 1 000 dollars, 64 migrants en situation irrégulière ont accepté de quitter volontairement les États-Unis lors d’un premier vol du programme «Project Homecoming» lancé par l’administration Trump pour encourager les départs sans recours à la force.

Le gouvernement américain a effectué ce 19 mai le tout premier vol de son programme « Projet Homecoming », une initiative inédite qui propose aux migrants sans papiers de quitter volontairement le territoire américain en échange d’un billet d’avion gratuit et d’une indemnité de 1 000 dollars.

Le vol, au départ de Houston au Texas, transportait 64 personnes vers leurs pays d’origine : 38 migrants honduriens, dont 19 enfants, ont atterri à San Pedro Sula au Honduras, tandis que 26 autres ont rejoint la Colombie, selon le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS).

D’après la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, « si vous êtes en situation irrégulière, utilisez l’application CBP Home pour prendre en main votre départ et bénéficier d’un soutien financier pour rentrer chez vous. Sinon, vous vous exposez à des amendes, à une arrestation, à une expulsion, et vous ne serez plus jamais autorisé à revenir ».

Un processus simple, appuyé par une aide sur place

Les migrants concernés ont utilisé l’application mobile CBP Home, un outil permettant de s’enregistrer pour un départ volontaire. « Vous faites la demande, et en trois jours, vous l’avez », a expliqué Kevin Antonio Posadas à l’agence AP. Ce Hondurien, qui vivait à Houston depuis trois ans, a précisé qu’il souhaitait voir sa famille et sa mère. Il a salué la simplicité du dispositif : « C’est bien, car cela évite de payer un billet si vous aviez déjà l’intention de repartir ».

Une fois arrivés, les migrants ont reçu une aide locale. Le Honduras a offert 100 dollars en espèces et 200 dollars de crédit dans un magasin d’État vendant des produits essentiels, selon le vice-ministre hondurien Antonio García. En Colombie, les services sociaux assurent également l’accueil.

À noter que certains enfants de ce vol étaient nés aux États-Unis et avaient donc reçu la nationalité par droit du sol. Le directeur hondurien de l’immigration, Wilson Paz, a précisé que ces quatre enfants américains avaient quitté le territoire avec leur famille afin d’éviter d’être séparés.

Objectif : faire des économies et réduire la pression migratoire

Pour Washington, cette approche se veut à la fois « digne » et économique. Le DHS a expliqué que chaque expulsion classique coûtait en moyenne 17 000 dollars. Avec ce programme, les autorités estiment économiser environ 70 % des frais.

Donald Trump a lui-même vanté les mérites de l’opération : « Nous rendons aussi facile que possible, pour les clandestins, le départ d’Amérique. Ils peuvent aller n’importe où, tant que ce n’est pas ici », a-t-il déclaré sur Truth Social.

Cependant, certains groupes pro-immigration alertent sur les mensonges et les conséquences juridiques de ce programme. Le National Immigration Law Center a déclaré que « pour de nombreuses personnes qui quittent les États-Unis, il se peut qu’il n’y ait jamais de possibilité légale d’y revenir ».

Malgré ces avertissements, le programme est appelé à se poursuivre, alors même que d’autres initiatives américaines plus agressives sont en cours, comme l’envoi de migrants vénézuéliens dans une prison de haute sécurité au Salvador.

Dans un contexte de durcissement général de la politique migratoire américaine, l’administration Trump cherche à imposer un message clair et dissuasif.