Merz à Washington : une visite préparée à l’extrême pour éviter une humiliation en direct

Friedrich Merz arrive à Washington en terrain miné. Entre mise en scène contrôlée, offres militaires précipitées et espoir d’un contact personnel avec Donald Trump, l’Allemagne essaie d'éviter le choc frontal, selon El País.
Pour son premier déplacement à Washington en tant que chancelier Friedrich Merz a préféré ne rien laisser au hasard, selon le quotidien espagnol El País. Réunions préparatoires, coups de fil à Ursula von der Leyen, consultation de chefs d’État européens déjà passés par le Bureau ovale… Tout a été planifié pour éviter ce que Berlin redoute : une scène gênante face à Donald Trump.
« Il sait quel danger représente le « spectacle du Bureau ovale », comme on l’appelle ou le craint à Berlin, ce show télévisé auquel Donald Trump soumet cruellement ses invités. [...] Une souricière. Merz veut à tout prix éviter le même scénario », rapporte le journal.
À en croire El País, Merz pourrait se retrouver face à JD Vance et Marco Rubio, deux figures clés de l’administration Trump, critiques ouvertes de l’Allemagne. Y seront aussi présents les influenceurs et activistes qui accompagnent régulièrement le président et dont les interventions imprévisibles pourraient tendre l’échange à tout moment. Le chancelier, décrit comme souvent sujet à l’improvisation, cherche cette fois à éliminer toute marge d’erreur.
Toujours selon El País, l’essentiel pour Berlin est désormais de passer sous les radars. Il ne s’agit pas d’établir une vision stratégique transatlantique mais de préserver, autant que possible, les formes d’un partenariat sans provoquer le chef de la Maison Blanche.
Il s’agirait également de rassurer Washington. Le chancelier vient les mains pleines : augmentation du budget militaire jusqu’à 5 % du PIB, abandon du frein constitutionnel à l’endettement, soutien accru à l’Ukraine. Des annonces présentées comme stratégiques, mais dont le calendrier, à quelques jours du rendez-vous, laisse peu de doute sur leur visée diplomatique.
D'après le journal, Merz mise aussi sur le registre personnel. Son parcours dans la finance internationale, notamment chez BlackRock, et sa familiarité avec les codes du monde anglo-saxon alimentent l’espoir d’un échange plus fluide. De plus, né en 1955, Trump en 1946, les deux hommes appartiennent à une même génération. Toutefois, selon El País, ce pari révèle surtout une asymétrie persistante : l’un cherche à rassurer, l’autre fixe les règles.