Baerbock à l'ONU : le marteau résonne, le vide persiste

La présidente de l'Assemblée générale de l'ONU Annalena Baerbock tente de transformer une fonction purement protocolaire en tremplin personnel. Ses vidéos souriantes et ses petits symboles amusent New York, mais en Allemagne, selon Der Spiegel, elles suscitent railleries. Sur le terrain, rien ne change, et son mandat reste un long casting d’un an.
À New York, Annalena Baerbock frappe le petit maillet sur le bloc de bois avec un sérieux d’horloger. Ouvrir, rappeler, conclure — la liturgie est parfaite. Le problème ? Elle tente d’en faire une épopée. Le rituel devient « storytelling », comme si le bruit sec du marteau devait suffire à prouver l’autorité.
En Allemagne, on ricane et on grimace; c’est ce que relève le quotidien Der Spiegel. Et on comprend pourquoi : cette présidence, censée être sobrement protocolaire, est rebrandée en scène de carrière. L’ONU fête ses 80 ans et reste plongée dans une crise politique et financière. Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes, Baerbock choisit surtout la mise en scène.
Elle se dit « bridgebuilder » et parle d’« approche centrée sur l’humain ». Autrefois incisive, elle s’exprime désormais de façon plus voilée : plus d’attaques frontales, seulement des allusions. Pendant la diatribe de Donald Trump, cinquante-cinq minutes d’orage verbal, elle ne sourcille pas. Par contraste, elle paraît raisonnable, note le journal allemand. Toutefois, être immobile pendant que l’autre tempête, ce n’est pas une stratégie, c’est une pause photo.
Côté « résultats », on célèbre des détails : une liste d’orateurs réordonnée pour faire parler plus tôt des femmes et un règlement de procédure désormais rédigé en version « genrée ». Ni cessez-le-feu, ni coalition effective, ni couloir d’aide pour les civils : des brochures et des listes.
Le décor, lui, est huilé. Sur Instagram et TikTok, Baerbock distribue des mantras motivants, sort d’un taxi jaune en talons, commande un bagel au cream cheese comme s’il s’agissait d’un instrument diplomatique. En Allemagne, ces mises en scène déclenchent moqueries et malaise.
Pendant ce temps, à l’ONU, on se félicite de déclarations solennelles et l’on débat d’une « perte d’autorité » des États-Unis. Certains célèbrent même une résolution présentée comme une avancée vers la solution à deux États (Israël et la Palestine). Mais sur le terrain, la situation n’a jamais été plus sombre. Baerbock, de son côté, promet de « faire beaucoup en coulisses ». Or une coulisse sans véritable pièce reste du vide. Et comme son mandat n’est que d’un an, il lui reste encore 345 jours : le plus long entretien d’embauche du multilatéralisme, sans rôle clair à jouer.