Crise politique en Italie : et maintenant ?
Après la démission du président du Conseil italien Giuseppe Conte le 20 août, des consultations vont commencer ce 21 août pour déterminer quel sera le nouveau gouvernement. Plusieurs scénarios se dessinent déjà.
C'est sans surprise que le président du Conseil italien Giuseppe Conte a annoncé sa démission devant le Sénat le 20 août. «J’interromps ici cette expérience de gouvernement. J’entends conclure ce passage institutionnel de façon cohérente», a-t-il déclaré, mettant ainsi fin au gouvernement de coalition entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles (M5S), en place depuis près de 14 mois.
Le président italien Sergio Mattarella doit commencer à recevoir ce 21 août les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, ainsi que tous les groupes parlementaires. Des consultations réparties sur deux jours et une décision finale qui ne devrait pas tomber avant le 23 août, selon plusieurs médias italiens.
Divers scénarios ont déjà été évoqués. Le président italien pourrait exiger de Giuseppe Conte de mener un gouvernement de transition. Un gouvernement «Conte bis» permettrait de poursuivre l'élaboration du budget pour 2020 que l'Italie doit présenter à Bruxelles le 15 octobre et de contrer la hausse de la TVA prévue en janvier prochain si aucune autre solution n'a été trouvée avant. L'Italie s'est en effet engagée auprès de la Commission européenne à réaliser 23 milliards d'euros de recettes supplémentaires en augmentant la TVA le 1er janvier pour se conformer aux règles budgétaires de l'Union européenne.
Une autre option, soulevée par l'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi, consisterait à former un gouvernement de coalition entre son parti, le Parti démocrate (PD) et celui de Luigi di Maio, le M5S. L'ex-président du Conseil avait martelé son refus de voir de nouvelles élections s'organiser dans une interview donnée au Monde le 16 août : «Je dis qu’il faut empêcher le retour aux urnes voulu par Matteo Salvini.» Si ce scénario avait d'abord été démenti par le secrétaire général du PD lui-même Nicola Zingaretti, dans une déclaration faite aux médias italiens, le 20 août, le PD a voté ce 21 août à l'unanimité une proposition qu'il fera au chef de l'Etat «pour constituer un gouvernement de changement» avec le M5S, sous conditions.
La troisième hypothèse émane d'un autre ancien Premier ministre, Romano Prodi, également passé à la tête de la Commission européenne (CE). Pour lui, un gouvernement pro-européen, nommé «Ursula» d'après la nouvelle présidente de la CE Ursula von der Leyen pourrait voir le jour. Il allierait le parti de Silvio Berlusconi Forza Italia avec le PD et le M5S, réunissant ainsi gauche et droite à l'image de la coalition allemande CDU-SPD, que Romano Prodi prend en exemple.
Si Sergio Matterella n'accepte aucune des propositions qui lui sont faites, il devra dissoudre le parlement et convoquer des élections anticipées. Ce scénario irait dans le sens de l'actuel ministère de l'Intérieur italien Matteo Salvini, qui a répété devant le Sénat le 20 août : «En démocratie, la plus belle chose est de voter.»
Le chef de la Ligue avait précipité l'Italie dans une nouvelle crise politique le 8 août en appelant à organiser des élections anticipées : «Allons tout de suite au Parlement pour prendre acte qu'il n'y a plus de majorité [...] et restituons rapidement la parole aux électeurs.»