«Je suis innocent» : depuis Beyrouth, Carlos Ghosn sort du silence
Après s'être échappé de Tokyo le 30 décembre, l'homme d'affaires franco-brésilio-libanais livre une conférence de presse ce 8 janvier à Beyrouth pour revenir sur l'affaire qui a entraîné sa chute.
Le parquet de Tokyo a immédiatement réagi aux violentes critiques émises par Carlos Ghosn contre la justice japonaise lors de sa conférence de presse au Liban, les jugeant «unilatérales» et «inacceptables».
«Les allégations du prévenu Ghosn font abstraction de sa propre conduite et ses critiques unilatérales du système de justice pénale du Japon sont totalement inacceptables», ont écrit les procureurs dans un communiqué mis en ligne, une démarche rare de la part du parquet de Tokyo.
Carlos Ghosn se présentera à la justice française si «elle le demande». Quelques minutes plus tôt, en réponse à une question sur ses attentes vis-à-vis du gouvernement français, il a ainsi déclaré : «Rien du tout […]. Quand le président de la République [Emmanuel Macron] dit : "présomption d’innocence", je le crois.»
Carlos Ghosn a assuré qu'il considérait que le Premier ministre japonais Shinzo Abe n'était «pas impliqué» dans son arrestation, qu'il a qualifiée de «coup monté», lors de sa première conférence de presse à Beyrouth depuis sa fuite du Japon.
«Je ne crois pas que [les responsables de] haut niveau étaient impliqués», a-t-il dit aux journalistes. «Si vous parlez d'Abe-san (suffixe honorifique japonais), je ne crois pas qu'Abe-san était impliqué», a-t-il ajouté.
Alors que la journaliste de RT France, Samantha Ramsamy lui demande s'il estime avoir été «lâché» par les autorités françaises, Carlos Ghosn répond : «Je ne me prononce pas pour l’instant. J’espère que ce n’est pas le cas. Je suis un citoyen français comme les autres. Je ne demande pas à être au-dessus de qui que ce soit mais je ne souhaite pas [non plus] être en dessous de qui que ce soit.»
Carlos Ghosn revient sur l'absence de plusieurs journalistes japonais qui n'ont pas été accrédités à la conférence de presse : «Je ne discrimine pas les médias japonais. [...]. Parler aux outils de propagande du parquet [de Tokyo], ce n'est pas utile pour moi.»
«Je ne me considère pas comme un prisonnier au Liban. Je préfère de loin cette prison à celle où j’étais avant», répond Carlos Ghosn à un journaliste qui l'interrogeait sur un éventuel retour en France.
Carlos Ghosn répond à présent aux questions des journalistes.
EN DIRECT - Carlos #Ghosn répond aux questions des journalistes https://t.co/WAA3DVUGlP
— RT France (@RTenfrancais) January 8, 2020«J'aime le Japon, pourquoi me récompense-t-il avec tant de cruauté», s'interroge-t-il après avoir rappelé son attachement pour ce pays. Et de poursuivre : «J’ai été dénigré par la presse japonaise, qualifié de dictateur froid et cupide.»
Carlos Ghosn martèle que l'affaire dans laquelle il est impliqué est uniquement politique : «Je vous le dis, c’est politique. On a essayé de présenter cette affaire comme une affaire banale, [on m'a présenté comme] quelqu’un qui a été trop loin mais ce n’est pas le cas. Je suis innocent de toute les accusations et je peux le prouver car je possède beaucoup de documents et d’autres restent à venir.»
L'ancien capitaine d'industrie du groupe automobile Renault-Nissan, Carlos Ghosn, tient une conférence de presse à 13 heures depuis Beyrouth au Liban ce 8 janvier, le pays qui l'a vu naître. C'est là qu'il s'est échappé après avoir fui le Japon le 30 décembre où il est poursuivi depuis novembre 2018 pour quatre chefs d'inculpation dont deux pour abus de confiance aggravée.
Le célèbre patron en cavale estime qu'il fait l'objet d'un complot industriel et judiciaire. Il a produit un communiqué auprès de l'AFP au terme de sa fuite rocambolesque durant laquelle il aurait notamment voyagé dans une malle : «Je suis à présent au Liban. Je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité. Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice.» Selon cette même source, il est à présent en compagnie de son épouse, Carole Ghosn.
RT France s'est rendu au Liban pour recueillir son témoignage relatif à cette affaire retentissante à l'occasion d'une conférence de presse ce 8 janvier.
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