Avions de ligne ciblés par des missiles : retour sur quatre tragédies aériennes
Bien que l’enquête sur la cause du crash du Boeing 737 d'Ukraine Airlines en Iran ne fasse que commencer, différentes hypothèses, dont celle d’un missile sol-air, ont été émises. RT France revient sur les appareils civils abattus en plein vol.
Alors que les spéculations vont bon train sur les causes du crash du Boeing 737 d’Ukraine International Airlines, qui a coûté la vie à 176 personnes, les premiers ministres canadien et britannique n'ont pas hésité à accuser directement l’Iran, qui dément fermement, RT France revient sur ces appareils civils abattus en plein vol.
3 juillet 1988 : les Etats-Unis frappent l’Iran dans le détroit d’Ormuz
Le vol 655 d’Iran Air, qui décolle le 3 juillet 1988 de Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran, ne verra jamais le Qatar, sa destination. Alors qu’il traverse le détroit d’Ormuz, l’Airbus A300 est abattu par le croiseur américain USS Vincennes, causant la mort de 290 personnes parmi lesquelles 254 ressortissants iraniens. Selon le gouvernement iranien, 66 enfants figuraient parmi les passagers. Alors que la guerre entre l’Iran et l’Irak fait rage depuis le début de la décennie, l’incident va porter un nouveau coup aux relations entre les Etats-Unis et l’Iran. Si les Américains ont finalement reconnu avoir abattu l’appareil, Georges Bush, alors en campagne, refuse de s’excuser. «Je ne présenterai jamais d'excuses au nom des Etats-Unis — Que m'importent les faits... Je ne suis pas de ces gens qui présentent des excuses au nom des Etats-Unis», fait-il valoir. En 1996, les autorités américaines acceptent finalement de payer la somme de 131,8 millions de dollars, dont 61,8 millions seront distribués aux familles des victimes iraniennes.
1er septembre 1983 : une erreur de navigation aux conséquences funestes
Après une erreur de navigation de la part de son équipage, le Boeing 747 de la Korean Airlines, reliant New York à Séoul, pénètre dans l’espace aérien de l’Union soviétique (URSS) alors interdit. En réponse, l’URSS dépêche un chasseur Soukhhoï Su-15 qui abat l’appareil à proximité de l’île Moneron, dans l’Extrême-Orient de la Russie, au-dessus du détroit de Tartarie, le 1er septembre 1983. 269 personnes trouvent la mort parmi lesquels 62 ressortissants américains. En pleine guerre froide, cet épisode va contribuer à renforcer le sentiment antisoviétique aux Etats-Unis. Les boîtes noires de l’avion coréen ne seront remises aux enquêteurs de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) qu’après la chute de l’URSS.
4 octobre 2001 : le Tel-Aviv-Novossibirsk abattu par l’armée ukrainienne
Moins d’un mois après les attentats du 11 septembre 2001, lors de manœuvres militaires en Crimée, l’armée ukrainienne abat un appareil Tupolev de la Sibir Airlines. 78 personnes sont tuées parmi lesquelles de nombreux ressortissants israéliens venus rendre visite à leur famille en Russie. Si l’Ukraine dément dans un premier temps avoir frappé l’appareil, elle admet finalement avoir perdu le contrôle d’un de ses missiles, qui a finalement percuté l’avion. L’Ukraine dédommage par la suite les familles des victimes du drame, à hauteur de 200 000 dollars par personne. Cependant, aucune indemnité n’est versée à la compagnie aérienne russe.
17 juillet 2014 : de nombreuses questions en suspens
Dernier incident majeur en date : le 17 juillet 2014, alors qu'un Boeing 747 de la Malaysia Airlines reliant Amsterdam à Kuala Lumpur survole la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, il s’écrase près du village de Grabovo. A l’époque, l’armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes s’accusent mutuellement d’avoir abattu l’appareil au bord duquel se trouvaient 298 personnes, dont aucune n'a survécu. Mais plus de cinq ans après le drame, beaucoup de questions restent encore en suspens même si les chancelleries occidentales accusent régulièrement la Russie d'assumer une responsabilité dans cet accident.
L'équipe internationale chargée de mener l’enquête (Joint Investigation Team) communique en juin 2019 les noms de quatre suspects, trois Russes et un Ukrainien, dont le procès devrait se tenir le 9 mars 2020 aux Pays-Bas. Le président russe Vladimir Poutine a estimé par la suite qu’il n’y avait «aucune preuve» de l’implication de la Russie dans cet incident, la diplomatie russe ayant fustigé des accusations «gratuites».
Le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, dont 28 concitoyens ont trouvé la mort dans le crash, a de son côté regretté en mai 2019 la politisation excessive de l’enquête et déploré que les enquêteurs aient accusé la Russie en l’absence de preuves.