Erdogan menace d'«agir» contre l'armée syrienne, accusée d'occuper des positions turques
Ce 5 février, au surlendemain de combats entre l'armée turque et syrienne dans la province d'Idleb, le président turc a menacé de recourir à la force pour déloger des soldats syriens accusés d'occuper des postes d'observations édifiés par Ankara.
L’escalade des tensions se poursuit au nord-ouest de la Syrie : ce 5 février, Recep Tayyip Erdogan a sommé la Syrie de retirer ses soldats qui occupent des postes d’observation construits par la Turquie. «Deux de nos 12 postes d'observation se trouvent derrière les lignes du régime. Nous espérons que le régime se retirera au-delà de nos postes d'observation avant la fin du mois de février. Si le régime syrien ne se retire pas, en février, des zones des points d'observation turcs à Idleb, la Turquie devra agir», a menacé le président turc lors d'un discours à Ankara devant les membres de son parti, l’AKP. «Nous riposterons sans aucun avertissement à toute nouvelle attaque contre nos militaires ou contre les combattants (rebelles syriens) avec lesquels nous coopérons», a-t-il ajouté.
Le président turc a en outre confié avoir évoqué ce sujet, la veille, au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Lors de cet entretien, il a averti qu’il «continuerait d'user de son droit à la légitime défense de la plus ferme des manières en cas de nouvelle attaque semblable», selon la présidence turque. De son côté, l'agence de presse syrienne Sana a confirmé l'avancée des soldats syriens dans la province.
Erdogan: "Si le régime syrien ne se retire pas, en février, des zones des points d'observation turcs à Idleb, la Turquie devra agir"
— ANADOLU AGENCY (FR) (@aa_french) February 5, 2020
Le coup de semonce de Recep Tayyip Erdogan intervient quelques jours après des échanges de tirs entre l’armée turque et syrienne. Le 3 février, le ministère turc de la Défense avait en effet affirmé dans un communiqué que ses forces armées avaient subi des tirs d'artillerie nourris des forces du gouvernement syrien aux environs d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, faisant quatre morts et neuf blessés, dont un gravement, selon Ankara.
Des accusations démenties rapidement par Damas : «La Syrie déplore l’insistance du président du régime turc Erdogan sur ses mensonges, prétendant que ses forces sont entrées au nord d’Alep conformément à l’accord d’Adana pour la lutte contre le terrorisme», peut-on lire dans un communiqué diffusé par l'agence de presse syrienne Sana.
L’ONU réclame «un arrêt des hostilités»
Cité par l'agence de presse Tass, le ministère russe de la Défense avait confirmé que des soldats turcs avaient été pris sous le feu des forces syriennes. Moscou précisait dans la foulée qu'Ankara n'avait pas prévenu la partie russe de ses opérations dans cette région de la Syrie. De son côté, dans un communiqué de presse, le Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en Syrie avait ainsi rapporté : «Des unités de troupes turques se déplaçaient à l'intérieur de la zone de désescalade d'Idleb sans avoir prévenu la partie russe. Elles se sont retrouvées sous le feu des forces gouvernementales syriennes visant des terroristes dans la zone à l'ouest du village Saraqeb [dans la province d'Idleb].»
Le bilan de ces combats épisodiques est pour l’heure flou : selon l’AFP, huit soldats turcs ont été tués. En réponse, Ankara a bombardé des positions syriennes, tuant au moins 13 personnes. Recep Tayyip Erdogan avait de son côté assuré dans une déclaration à Reuters qu’«entre 30 et 35» soldats syriens avaient été tués par cette riposte. Cette information n’a, pour l’heure, été ni infirmée ni confirmée par Damas.
De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé le 4 février à «un arrêt des hostilités» entre les deux belligérants et exprimé dans la foulée «un changement extrêmement préoccupant dans la nature du conflit». Il faut «un arrêt des hostilités avant une escalade qui mène à une situation totalement hors de contrôle», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.