Hong Kong : cette loi voulue par Pékin qui divise le territoire semi-autonome
La mise en place d'une nouvelle loi portant sur la sécurité nationale du territoire semi-autonome fait apparaître un clivage marqué dans la société hongkongaise. Pourtant prévu depuis plus de 20 ans, le texte se heurte à une forte hostilité.
Serions-nous en train d’assister à un tournant dans l’histoire d'Hong Kong ? Ce 22 mai, l'Assemblée nationale populaire (ANP) de Chine va débuter l’étude d’une nouvelle législation portant sur la sécurité nationale du territoire semi-autonome. L’annonce a été faite le 21 mai devant les journalistes par le porte-parole de l’Assemblée, Zhang Yesui.
Dans l’ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, les avis sur le texte sont partagés. «Je veux juste dire à la communauté internationale que ceci est la fin de Hong Kong», a fait savoir le député anti-Pékin Dennis Kwok repris par l’AFP, accusant la Chine d’avoir «rompu sa promesse».
Même son de cloche chez le militant Joshua Wong, qui s’était fait connaître lors des manifestations débutées en juin 2019 à la suite d’un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine. «Pékin renonce désormais à sa promesse d’un pays pour deux systèmes" en voulant imposer directement la loi de sécurité nationale», a-t-il regretté sur Twitter.
1/ On the eve of HK's Tiananmen massacre vigil, Beijing is now scrapping its promise of #1country2systems by circumventing HK’s legislature and directly imposing the most controversial national security law #article23 upon Hong Kong.
— Joshua Wong 黃之鋒 😷 (@joshuawongcf) May 21, 2020
Une mise en place retardée depuis 1997
Leurs adversaires réfutent quant à eux eux ces accusations. Le 22 mai, Wang Chen, vice-président du Comité permanent de l’ANP, a réaffirmé la souveraineté du peuple hongkongais sur son territoire. Il a fait passer dans la salle un document soulignant que «le peuple de Hong Kong gouverne Hong Kong» selon le principe d’«un pays pour deux systèmes», d’après nos confrères de l’agence chinoise Xinhua.
De son coté, Zhang Yesui, cité par l’agence de presse française, a néanmoins insisté sur le fait que «Hong Kong est une partie inséparable de la République populaire de Chine».
La chef de l’exécutif de Hong Kong Carrie Lam s’est elle prononcée en faveur de la loi dans un communiqué de presse mis en ligne ce 22 mai. «Le gouvernement de Hong-Kong coopéra pleinement avec le Comité permanent de l’ANP pour achever la législation le plus rapidement possible afin de s'acquitter de sa responsabilité de sauvegarder la sécurité nationale et d'assurer la prospérité et la stabilité à long terme de Hong Kong avec l’optique "Un pays, deux systèmes"», a-t- elle souligné.
Plusieurs militants hongkongais ont appelé à des manifestations contre le projet de loi ce 22 mai, alors que l’article 23 de la «Loi fondamentale» peine à être appliqué. En effet, il était prévu dans le texte, servant depuis plus de 20 ans de Constitution à Hong Kong, que la région se dote d’une loi interdisant la «la trahison, la sécession, la sédition [et] la subversion». Mais la dernière fois que l’exécutif avait tenté de faire adopter un texte en ce sens, en 2003, il avait dû reculer face à la mobilisation populaire.