La Russie sera-t-elle le premier pays à finaliser un vaccin contre le Covid-19 ?
Selon plusieurs agences, les autorités russes s'apprêteraient à enregistrer un vaccin contre le Covid-19 développé par un Centre de recherches russe. Ce vaccin serait, dans un premier temps, administré à des professionnels particulièrement exposés.
Le vaccin contre le nouveau coronavirus développé par le Centre de recherches en épidémiologie et microbiologie Nikolaï Gamaleïa, après expertise du ministère de la Santé, pourrait obtenir dans les deux premières semaines d'août son enregistrement officiel. «L'approbation [réglementaire] arrivera durant les deux premières semaines d'août», a ainsi fait savoir une source proche du dossier citée par l'agence Reuters, ajoutant : «Le 10 août est la date attendue, mais cela se fera de manière certaine avant le 15. Tous les résultats [des tests] jusqu'à présent ont été hautement positifs.» Selon la même source, le vaccin serait ensuite rapidement administré au personnel le plus exposé à la contamination.
De son côté, l'agence Interfax a cité une source déclarant que le vaccin recevrait l'autorisation officielle entre le 10 et le 12 août et serait administré à une partie de la population à partir du 15.
Kirill Dmitriev, président du Fonds souverain russe, qui finance la recherche du vaccin contre le Covid-19, a déclaré dans un reportage publié par CNN le 28 juillet, que son développement en Russie était comparable au lancement du premier satellite artificiel de la Terre par l'Union soviétique, le satellite Spoutnik. «Les Américains ont été surpris quand ils ont entendu le "bip" émis par Spoutnik. C'est la même chose avec ce vaccin. La Russie y sera arrivée la première», a-t-il déclaré.
En tout état de cause, le ministre russe de la Santé Mikhaïl Mourachko a fait savoir que le vaccin avait déclenché une réponse immunitaire au coronavirus chez les volontaires ayant participé aux essais cliniques, sans entraîner d’effets secondaires conséquents.
Selon l'agence RIA, le président russe Vladimir Poutine a de son côté déclaré lors d'une réunion sur la situation sanitaire et épidémiologique le 29 juillet : «Les principales exigences pour le vaccin sont son efficacité et son innocuité prouvées. Par conséquent, nous devons agir avec beaucoup de prudence, en conformité avec toutes les exigences et règles dans ce domaine complexe. La confiance dans le vaccin doit être absolue.» «C'est notamment à partir de [ces exigences] que nous prendrons les décisions ultérieures sur la vaccination contre le coronavirus», a-t-il précisé.
Seuls les professionnels particulièrement exposés pourraient être vaccinés dans un premier temps
Selon une source d'information de l'agence Interfax, des personnes appartenant aux groupes à risque (enseignants, médecins...) ainsi que plus de 1 500 volontaires seraient les premiers à recevoir le nouveau vaccin. Et il faudrait encore plusieurs mois pour que soit envisagée une vaccination de masse.
Lorsqu'on parle de la vaccination de masse de la population, de dizaines et de centaines de millions de doses de vaccin, évidemment, cela prend du temps
En effet, Alexandre Sergueïev, le président de l'Académie des sciences de Russie, considère que la vaccination de masse ne sera possible qu'en 2021. Il met en garde contre une déclaration de victoire trop hâtive puisqu'il sera nécessaire de surveiller les anticorps induits par le vaccin pendant au moins six mois. «Lorsqu'on parle de la vaccination de masse de la population, de dizaines et de centaines de millions de doses de vaccin, évidemment, cela prend du temps», a-t-il expliqué, cité par l'agence Tass. Alexandre Sergueïev a précisé que «si tout se passe bien, comme nous le prévoyons et comme le prévoient les grandes entreprises dans d'autres pays, ce sera probablement possible [de vacciner la population] au début de l'année prochaine.»
Le scientifique reste très prudent sur les perspectives d'une telle vaccination de masse. «Le développement de vaccins est une chose longue. Vous voyez, si vous voulez prouver que le vaccin que vous avez développé fonctionne vraiment pendant, disons, six mois, alors les tests cliniques d'un tel vaccin devront prendre beaucoup de temps », a-t-il expliqué. Néanmoins, «lorsqu'il est nécessaire de faire quelque chose rapidement pour protéger les groupes à risque [...] le travail peut être accéléré», a ajouté Alexandre Sergueïev.