Dispute d'Ikea : le Maroc accuse la Suède de soutenir les indépendantistes du Sahara Occidental
Les deux pays connaissent un refroidissement de leurs relations diplomatiques. La raison avancée : un problème de conformité des magasins Ikea, mais le problème pourrait s'avérer plus profond que cela.
Dans un premier temps, il semblait s'agir d'une anomalie bureaucratique bien anodine. Le Maroc avait annulé l'ouverture d'un magasin Ikea dans la région de Casablanca. Une décision juridique, justifiée par l'absence du «certificat de conformité» du magasin, qui devait ouvrir le 29 septembre. C'est le surlendemain, le jeudi 1er octobre, que la dimension réelle du problème commence à se dévoiler. Lors d'un point presse, à l'issue du Conseil du gouvernement, le porte-parole de l'administration, Mustapha El-Khalfi, annonce le «boycott des sociétés suédoises».
Le Maroc espère que la Suède révise sa politique et ses positions sur la question nationale et revoit sa politique économique à son sujet3/4
— Mustapha Khalfi (@mustapha_khalfi) 1 Octobre 2015
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Pourquoi une telle mesure ? D'après le quotidien américain The Washington Post, un problème d'ordre politique se cache sous l'affaire Ikea : c'est la Suède tout entière qui serait pénalisée, à cause du soutien que le pays apporte à l'indépendance du Sahara Occidental. Cette région, une ancienne colonie espagnole située au Sud du Maroc, est l'objet d'une controverse territoriale. L'endroit est revendiqué par Rabat mais est peuplé d'indépendantistes soutenus par l'Algérie : le front Polisario, qui a proclamé en 1976 la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Si la RASD n'a jamais été reconnue par les Nations unies, le rattachement du pays au Maroc n'a pas non plus été acté et le statut du Sahara Occidental reste aujourd'hui incertain.
Pour El-Khalfi et le gouvernement marocain, la Suède mène «une campagne contre le Maroc et ses intérêts, notamment en Union européenne» et «soutient financièrement des organisations hostiles au Maroc». Des accusations rejetées par Stockholm, qui affirme que sa position sur le Sahara Occidental correspond à celle des Nations unies. Quelque soit le vrai de cette histoire, le magasin Ikea de Casablanca reste bel et bien fermé. Une frustration pour la Suède, alors que le célèbre fabricant de meubles n'est plus légalement suédois depuis 1980, son siège se trouvant aujourd'hui au Pays-Bas.
Le Maroc réfléchit de manière sérieuse à prendre des mesures similaires à l'égard de la Suède conformément au principe de la réciprocité 1/4
— Mustapha Khalfi (@mustapha_khalfi) 1 Octobre 2015
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