En visite en Chine, Sergueï Lavrov travaille au rapprochement de Moscou et Pékin face à l'Occident
En visite pendant deux jours en Chine, le ministre russe des Affaires étrangères a appelé Pékin et Moscou à travailler leur indépendance technologique vis-à-vis des systèmes de paiement occidentaux, pour réduire les risques de sanctions économiques.
Présent en Chine dans le cadre d'une visite d'Etat, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a appelé ce 22 mars Moscou et Pékin à réduire leur dépendance au dollar américain et aux systèmes de paiement occidentaux, afin de contrer ce qu'il a qualifié d'«agenda idéologique» de l'Occident «visant à maintenir sa domination en freinant le développement d'autres pays», rapporte l'agence de presse Tass.
Nous devons nous éloigner des systèmes de paiement internationaux contrôlés par l'Occident
Lavrov, dont la visite en Chine va durer deux jours, s'est entretenu avec son homologue chinois Wang Yi, à un moment où les relations des deux pays avec l'administration du président américain Joe Biden sont très tendues. Ce dernier a en effet choisi depuis le début de son mandat une approche diplomatique agressive en accusant notamment le président russe Vladimir Poutine d'être un «tueur». Son équipe a par ailleurs accueilli le 19 mars en Alaska la délégation chinoise par une salve d'accusations, Washington évoquant des pourparlers «durs et directs».
S'adressant aux médias chinois avant le début de sa visite, Lavrov a déclaré que Moscou et Pékin étaient obligés de se développer indépendamment de Washington : «Nous devons réduire les risques de sanctions en renforçant notre indépendance technologique, en passant à des paiements dans nos devises nationales et mondiales qui servent d'alternative au dollar. Nous devons nous éloigner des systèmes de paiement internationaux contrôlés par l'Occident», a déclaré Lavrov, selon une transcription de son entretien.
Toujours au sujet des sanctions initiées par l'Occident, le ministre a souligné le fait qu'«il est tout simplement imprudent d'essayer d'utiliser cette logique à l'égard de la Russie et de la Chine», et que les premières victimes de ces restrictions sont les pays en voie de développement, qui doivent limiter leurs échanges commerciaux avec ces deux pays.
Avant le séjour du ministre russe, le journal d'Etat chinois The Global Times a notamment écrit le 18 mars que «le moment choisi pour la visite de Lavrov est remarquable car cela signifie que la Russie est le premier pays avec lequel la Chine partage des informations et des opinions sur des questions-clés, après sa rencontre en face-à-face avec les Etats-Unis, ce qui montre que la Chine et la Russie entretiennent une profonde confiance stratégique mutuelle et se soutiennent quant aux intérêts fondamentaux». «La position de la Russie est basée sur un dialogue dans la confiance et le respect mutuel avec la Chine, qui doit servir d'exemple pour d'autres pays, y compris ceux qui tentent de construire des relations avec la Russie et la Chine sur des principes quelque peu différents et inégaux», a abondé le ministre lors de sa visite.
Dans cette optique, Sergueï Lavrov s'est dit certain que le traité de bon voisinage, d'amitié et de coopération avec la Chine sera automatiquement prorogé de cinq ans en 2022 : «Ce traité aura 20 ans le 28 février 2022. Il a été signé le 16 juillet 2001 [par les présidents russe et chinois, Vladimir Poutine et Jiang Zemin] et a été ratifié le 28 février 2002. Nous sommes convaincus que lorsque le traité marquera 20 ans en février 2022, il sera automatiquement prolongé pour un autre période de cinq ans conformément à l'article 25», a-t-il déclaré.
Selon le haut diplomate russe, «le traité a résisté à l'épreuve du temps et les engagements pris par les pays sont strictement appliqués». Sergueï Lavrov a rappelé que les deux parties se sont engagées à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’autre, n'ont déclaré aucune revendication territoriale réciproque et ont exprimé «leur détermination à faire de la frontière entre la Russie et la Chine une frontière de paix et d’amitié éternelles». «Une formulation très inhabituelle pour les documents officiels», a souligné le ministre russe des Affaires étrangères, qui «démontre que nos relations ont un caractère véritablement unique».