Washington prolonge son interdiction de saisie du pétrolier Citgo et empêche Maduro de le gérer
Le Trésor américain a annoncé prolonger l'interdiction de vente ou de transfert d'actions Citgo, filiale d'un géant pétrolier vénézuélien. Si le camp de l'opposant Guaido s'en félicite, le gouvernement de Maduro reste dépossédé de cette compagnie.
Washington a prolongé d'un an une mesure qui empêche Citgo, une filiale basée aux Etats-Unis, de la compagnie pétrolière publique vénézuélienne PDVSA, d'être saisie par les créanciers, a fait savoir le 20 janvier le département américain au Trésor. Ce faisant, Washington semble protéger la filiale pétrolière tout en continuant pourtant d'arbitrer sa gouvernance pour déposséder le gouvernement de Nicolas Maduro.
Ainsi, depuis le 24 octobre 2019, et désormais jusqu'au 20 janvier 2023, «les transactions liées à la vente ou au transfert d'actions Citgo en liaison avec l'obligation PDVSA 2020 8,5% sont interdites sauf autorisation expresse de l'OFAC [organisme de contrôle ]», écrit le Trésor américain sur son site internet, mis à jour le 20 janvier.
Le Trésor américain «prolonge d'un an [...] la protection sur Citgo contre les dettes irresponsables contractées par la dictature de Maduro. Au sein du gouvernement intérimaire du président Juan Guaido, nous continuons à travailler activement pour préserver les actifs vénézuéliens», a réagi sur Twitter Carlos Vecchio, nommé par l'opposant Guaido ambassadeur du Venezuela aux Etats-Unis. «Il s'agit de la plus grande extension de licence accordée à ce jour pour protéger et préserver Citgo pour la future reprise du Venezuela. Nous remercions l'administration du président Joe Biden pour cette étape importante en faveur du peuple du Venezuela», a-t-il ajouté.
This is the largest license extension granted so far to protect and preserve CITGO for the future recovery of Venezuela. We thank President @joebiden's administration for this important step in favor of the people of #Venezuela. 🇻🇪🤝🇺🇸
— CARLOS VECCHIO (@carlosvecchio) January 20, 2022
L'interdiction faite au gouvernement vénézuélien de Nicolas Maduro d'utiliser des actions de Citgo pour rembourser des emprunts du géant PDVSA, avait été prise en octobre 2019 par l'administration de Donald Trump. Washington avait alors modifié les sanctions contre Caracas pour bloquer toute transaction impliquant des actions Citgo servant à honorer le service de la dette à moins d'une dérogation spécifique. La mesure avait été prolongée à plusieurs reprises, précise le Trésor.
Le gouvernement du Venezuela ne cesse de dénoncer une dépossession
En janvier 2021, le ministère vénézuélien des Affaires étrangères avait dénoncé une décision de la justice américaine d'enclencher le processus de vente d'actions de Citgo, en «collusion avec des extrémistes vénézuéliens». L'administration américaine avait toutefois bloqué toute transaction impliquant des actions Citgo servant à honorer le service de la dette. Le 28 janvier 2019, cinq jours après l'autoproclamation de Juan Guaido comme président du Venezuela, les Etats-Unis qui l'avaient reconnu comme tel annonçaient un gel des actifs de PDVSA, propriétaire de Citgo, pour un montant de sept milliards de dollars, étouffant encore plus l'économie vénézuélienne, fortement dépendante de sa rentre pétrolière.
Moins de deux semaines plus tard, l'Assemblée nationale, à l'époque acquise à Juan Guaido, avait nommé un nouveau conseil d'administration pour Citgo, en faisant de fait la propriété de ce gouvernement parallèle. Loin de s'arrêter, quelques mois plus tard, le 5 août 2019, Donald Trump imposait par décret un embargo économique total contre le Venezuela, gelant tous les actifs du pays et de ses entreprises dont PDVSA, la Banque centrale vénézuélienne et Citgo.
Le gouvernement vénézuélien ne cesse de dénoncer les sanctions économiques et les dépossessions opérées par Washington dont les administrations qui s'y succèdent veulent évincer le président Nicolas Maduro. Dans le cadre des sanctions infligés au Venezuela, les Etats-Unis empêchent en effet le gouvernement de Maduro de gérer sa filiale pétrolière depuis plus de trois ans, lui préférant Juan Guaido. C'est donc à cet opposant qui ne dispose plus d'aucun mandat électoral que les Etats-Unis confient la gestion de ces fonds publics vénézuéliens bloqués à l'étranger dont le contrôle de Citgo.