Après la signature par un million d’Européens d’une pétition pour interdire les thérapies de conversion dans l’UE, le publiciste Jacques Frantz se penche sur les enjeux d’une éventuelle directive européenne à ce sujet.
L’affaire est bien orchestrée. À l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie qui, ça m’avait échappé, a eu lieu le 17 mai, les agences de presse occidentales communiquent : la Commission européenne a reçu un million de signatures pour interdire les « thérapies de conversion » dans l’Union européenne.
De quoi parle-t-on lorsqu’on parle de thérapie de conversion ? Il s’agit — pour parler le langage inclusif autorisé — de modifier l’orientation sexuelle d’un individu. En d’autres termes, de faire devenir un individu homosexuel hétérosexuel. Vous suivez ? Je vous explique : des parents ou la pression sociale ont pu pousser des personnes plus ou moins jeunes à s’engager dans des processus pour lutter contre une homosexualité réelle ou supposée par des moyens parfois aussi contestables qu’inefficaces. Certains médecins sont allés jusqu’à pratiquer des électrochocs. C’est en général ce que le lobby met en avant pour justifier un activisme qui ne fait que se renforcer avec les années.
Mais les choses vont beaucoup plus loin. Non seulement sont interdites les thérapies médicales — chirurgicales ou médicamenteuses — mais encore sont bannies les psychothérapies. Et quand je dis bannies, cela veut dire que dans certains pays européens, les psychothérapeutes qui oseraient proposer ce genre de services, même avec l’accord ou à la demande du patient, risquent des sanctions pénales.
En revanche, la conversion de l’hétérosexualité vers l’homosexualité, elle, n’est pas interdite. Elle est au contraire encouragée. Parce que quand des barbus en jupe vont dans les écoles maternelles lire à des gosses de cinq ans des histoires où « Kevin a deux papas et c’est cool », c’est aussi de la « conversion ». C’est du prosélytisme agressif, or le prosélytisme n’a pas d’autre but que la conversion.
Cette pétition est davantage qu’un simple coup de com pour faire parler de la journée mondiale précitée dont tout le monde se fiche.
Avec un million de signatures, la Commission est obligée d’entrer en matière. Elle a six mois pour rendre une décision publique. Cette décision peut aboutir à une directive européenne contraignante, (ce que souhaite le lobby), ou bien la commission peut décider de ne pas donner suite, mais elle doit l’annoncer et le motiver.
Il ne fait guère de doute que la Commission examinera la pétition avec la plus grande bienveillance.
Si la Commission décidait de pondre une directive, tous les États membres de l’Union européenne devraient adapter leurs législations nationales pour se mettre en conformité, la directive étant contraignante. Par conséquent, aucun gouvernement ou aucun parlement ne pourrait modifier ou abroger sa législation nationale sur le sujet. Il va de soi que cette procédure de confiscation de la démocratie se répète à l’infini depuis des décennies. Avec les organisations internationales en général, et avec l’Union européenne en particulier, des pans entiers de nos législations nationales échappent à tout contrôle démocratique. Mais comme ce sont des « amis de la démocratie » qui sont à la manœuvre, c’est « circulez, il n’y a rien à voir ».
Il est bon d’avoir également à l’esprit que cela vaut bien entendu pour les adhésions futures. En effet, l’adhésion à l’Union européenne n’est pas une adhésion à la carte, il faut tout prendre.
Et ce sont ceux-là même qui font tomber une chape de plomb sur nos libertés qui viennent donner des leçons de démocratie et de droits de l’homme à la terre entière.