Karine Bechet, docteur en droit public (France), présidente de l'association Comitas Gentium France-Russie, animatrice du site Russie Politics.

Caractère inflexible du Donbass : Lougansk fête ses 230 ans

Caractère inflexible du Donbass : Lougansk fête ses 230 ans
Caractère inflexible du Donbass : Lougansk fête ses 230 ans [photo de Karine Bechet]
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Concours Miss Lougansk, concerts, feux d’artifice, mariages populaires : à l’occasion de son 230ᵉ anniversaire, la ville de Lougansk affirme sa vitalité et son appartenance au Donbass russe. Pour Karine Bechet, cette célébration incarne le caractère inflexible d’un peuple qui oppose la vie à la terreur atlantico-ukrainienne.

La ville de Lougansk a été fondée par oukase de Catherine II en 1795, pour développer l’exploitation des mines de charbon dans une Russie en plein développement, soucieuse de défendre sa souveraineté énergétique.

Ainsi, les 12 et 13 septembre, la ville de Lougansk fêtait ses 230 ans sous le slogan « Lougansk, ville de mon enfance ; Lougansk, ville de mon destin ». Lougansk, à l’image du Donbass, est devenu un symbole, le symbole du réveil du Monde russe, le cœur vivant, battant du Monde russe. Un mélange de racines et de destinée.

Lors des différentes festivités organisées à cette occasion, on notera notamment l’organisation du concours de Miss Lougansk 2025. Cela peut sembler banal, parfois même assez kitsch – surtout quand vous vivez tranquillement votre vie, allez au travail sans vous demander si des éclats de missiles vont tomber sur votre voiture, quand vous promenez vos enfants sans risquer qu’un drone ne vienne exploser à proximité.

Mais à Lougansk, la situation est radicalement différente. Alors que la ville avait volontairement été abandonnée par le pouvoir ukrainien, qui laissait toutes les infrastructures à l’abandon depuis l’indépendance de l’Ukraine et la chute de l’URSS, elle fut la cible directe de l’armée ukrainienne après le Maïdan en 2014. Dans ce contexte, le simple fait d’organiser cet événement est un défi lancé aux Atlantistes. La beauté, la vie, le rire doivent supplanter la laideur du fanatisme, la mort et la peur. Lougansk est debout et le montre fièrement.

Ce concours accompagne parfaitement la cérémonie d’ouverture des festivités, qui a retracé dans un spectacle émouvant l’histoire et les grands moments de la ville et du pays – la Russie. La présentation des turbulences récentes en Russie, allant de la Révolution de 1917 à la Grande Guerre patriotique (la Seconde Guerre mondiale pour les Russes), s’est terminée par la guerre actuellement conduite par les Atlantistes contre la Russie. Quand, sur fond de soldats russes tenant des enfants par la main, a tonné dans la salle « Lougansk ne se rend pas. Notre ville est vivante et vivra », une salve d’applaudissements a envahi l’espace et soulevé les cœurs.

Et la ville, comme la République populaire de Lougansk dans son ensemble, est bien vivante. Envers et contre tout, les habitants ont toujours montré le caractère du Donbass : un caractère inflexible, dur et entier, celui des régions minières. Le caractère des gens ancrés à leur terre, à leur Patrie, celle qui a le goût du terroir, le caractère des régions agricoles. Car Lougansk a ce double caractère : une région coupée en deux parties, l’une industrielle et minière, l’autre agricole.

Chaque habitant se souvient qu’en 2014, l’armée ukrainienne avait organisé un blocus de l’eau pour forcer la ville à se rendre. Sans eau, presque sans nourriture, jusqu’à ce que la Russie organise les camions blancs d’approvisionnement humanitaire et que les forces vives de la région repoussent les atlantico-ukrainiens en se soulevant comme un seul homme. Les habitants n’ont pas plié. Ils se sont organisés, l’entraide était la règle. Le Maïdan n’est pas passé, la République de Lougansk avait déjà choisi de rentrer en Russie. Elle a choisi sa voie et l’a suivie jusqu’à son aboutissement.

L’armée ukrainienne, se conduisant déjà en 2014 comme un groupe terroriste, commettait quotidiennement des crimes de guerre. Elle ciblait les groupes de personnes venues chercher de l’eau dans les rares points encore accessibles à la périphérie de la ville.

Ceux qui prenaient alors ce qui était appelé la « route de la vie » étaient la cible de l’armée ukrainienne, qui en profitait pour toucher les immeubles d’habitation au passage. Il faut savoir que cette route, qui reliait Pakhromenko à Novosvetlovka, était la seule voie permettant aux habitants de sortir du blocus de Lougansk. Aujourd’hui, la ville compte des marchés privés en plus des cinq grands marchés publics, régulièrement approvisionnés, démontrant la richesse et la qualité de la production locale : agricole, laitière, de viande et de charcuterie.

L’armée ukrainienne frappait même les cimetières de la ville pour empêcher les gens d’enterrer leurs morts. Rien n’était sacré. Mais les habitants n’ont pas faibli. La vie plus forte que la mort. La volonté plus forte que la peur. Un cimetière fut spontanément et discrètement organisé dans la ville, où ils purent faire reposer en paix leurs proches. Aujourd’hui, cet endroit est devenu un monument à la mémoire de ces atrocités, appelé « La plaie vive du Donbass ».

La ville de Lougansk est remise en état pour normaliser la vie, améliorer les structures vitales : les routes, les squares et les parcs sont rénovés et construits, afin que les gens puissent sentir la guerre s’éloigner et la vie reprendre ses droits. Tous se rappellent ce moment magique où, le soir, après 17 h, ils ont à nouveau pu entendre le bruit des voitures.

De son côté, la ville de Severodonetsk, qui en 2014 s’était retrouvée coupée de la région de Lougansk et était devenue la « capitale » ukrainienne de la zone occupée, a fortement souffert de l’occupation par l’armée ukrainienne. Libérée par la Russie en juin 2022, elle revient elle aussi petit à petit à la vie. Alors qu’elle comptait 120 000 personnes avant les opérations armées, sa population était tombée à 6 000 au plus fort des combats en 2022. Aujourd’hui, Severodonetsk compte entre 60 000 et 70 000 habitants, et l’afflux est continu. Les écoles sont rénovées, les traces des combats effacées des rues, les établissements médicaux se remettent à fonctionner et même l’université a été reconstruite et a pu rouvrir ses portes cette année. Quand vous voyez une maman se promener avec une poussette, vous comprenez que la vie a gagné.

Et dans tous ces tourments, à une trentaine de kilomètres de Lougansk, dans les collines, vous tombez sur un endroit féérique, hors du temps, d’un charme époustouflant. Le vignoble de Savinykh, dans le village de Bougaevka, continue, envers et contre tout, à produire du vin pour la région. Avec ses vignes couvrant délicatement les versants ensoleillés, ses ruches, ses arbres fruitiers, sa chapelle, il s’impose comme une réalité indéboulonnable, comme cet avenir paisible auquel rêve tout habitant de Lougansk.

Un avenir paisible. Celui qui pourra naître après la victoire. Car si les habitants de Lougansk lèvent leur verre à la paix, ils le lèvent après avoir invoqué la victoire et béni la Russie.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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