Karine Bechet, docteur en droit public (France), présidente de l'association Comitas Gentium France-Russie, animatrice du site Russie Politics.

Le masque tombe : pour l’OTAN, la négociation n’est qu’un front de la guerre

Le masque tombe : pour l’OTAN, la négociation n’est qu’un front de la guerre Source: Gettyimages.ru
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Les grands conflits se terminent par la disparition de l’ennemi : les Globalistes avouent enfin que la négociation n’est pas une issue mais une arme de guerre. Karine Bechet décortique la brutalité du discours occidental : l’illusion pacifiste masque un projet géopolitique d’élimination de l’adversaire.

Ces derniers jours, les têtes parlantes des élites globalistes durcissent le ton. Et ce faisant, elles tombent le masque, déjà bien fatigué, des « chercheurs de paix », des « négociateurs pacifistes ».

Le secrétaire général de l’OTAN, lors d’une conférence prononcée à l’Académie militaire américaine de West Point, a fait preuve d’une sincérité à laquelle nous sommes peu habitués : « Tout conflit se termine, mais pas toujours par des négociations. Nous avons remporté la Seconde Guerre mondiale. Nous avons gagné la Guerre froide avec Reagan et Thatcher. »

D’une pierre deux coups, Rutte fait tomber le mythe des négociations, qui seraient dans le monde postmoderne le seul moyen « civilisé » de terminer un conflit ; et le mythe de la fin de la Guerre froide, qui aurait été le choix libre et démocratique des Russes.

Alors que les élites russes ne cessent de répéter sur tous les tons qu’elles restent prêtes, envers et contre tout, à négocier, que les parties sont d’accord sur le fait que les négociations doivent mettre fin à la guerre en Ukraine, Rutte rappelle que ce n’est pas toujours le cas. Et en fait, les grands conflits, militaires ou géopolitiques, se sont terminés par la disparition de l’ennemi.

La Seconde Guerre mondiale a pris fin avec la disparition d’Hitler et la capitulation de l’Allemagne nazie, qui fut au moins officiellement dénazifiée, même si les Occidentaux protégèrent, accueillirent et utilisèrent ensuite contre l’URSS de nombreux nazis.

La Guerre froide a pris fin avec la disparition de la Russie communiste, l’URSS, à la suite d’une longue période de confrontation géopolitique, de pièges diplomatiques et de retournement des élites à l’intérieur du pays.

Les vainqueurs ont alors acté la capitulation et la disparition de l’ennemi et ont imposé leur ordre. Le vaincu n’avait d’autre choix que d’accepter. Il est difficile d’appeler cela « négociation ».

Il est dès lors nécessaire, comme le rappellent les analystes militaires russes, de distinguer le discours tenu des fins recherchées : « Les analystes militaires russes prennent en compte les constructions théoriques occidentales, qui servent de plus en plus à justifier leur militarisme. Les experts soulignent que les discours occidentaux sur l'intervention armée se divisent en trois groupes (discours sur la protection de la vie humaine, discours sur le soutien à une paix démocratique et discours sur le soutien à sa propre sécurité, régionale ou internationale), qui ont ensuite constitué la base du concept dit de R2P (Responsabilité de protéger). »

C’est dans ce paradigme qu’il est souhaitable d’analyser les dernières déclarations des visages de la Globalisation, afin de ne pas tomber dans le piège de l’illusion créée par la communication, qui sert dans le monde postmoderne à cacher les buts véritables.

En ce sens, le processus de négociation concernant le conflit en Ukraine, dont le soutien est communicationnellement affirmé par les parties au conflit, n’a pas pour fin ultime de mettre un terme au conflit : il est un élément de ce conflit. Un front.

Alors que Rutte rappelle les anciens conflits et la victoire que les Occidentaux veulent s’approprier en ce qui les concerne, étrangement, en ce qui concerne l’Ukraine, il estime que des négociations sont possibles. Trump précise qu’il est important d’obtenir une réunion entre Poutine et Zelensky, soulignant toutefois que « la seule façon d'y parvenir est d'adopter une position de force ». De son côté, le secrétaire américain à la Guerre, parodiant Orwell, déclare devant un parterre de 900 officiers supérieurs que les États-Unis doivent être prêts à la guerre « pour protéger la paix », soulignant que le pacifisme est naïf et dangereux.

Ainsi, le processus de négociations avec la Russie est clairement posé comme un élément du conflit, devant accompagner la dimension traditionnelle de la guerre, qui se mène sur le front, par les armes, et qui n’a pas disparu. La première fonction de ce processus est de créer l’illusion d’une volonté pacifiste des États-Unis, partie intégrante du conflit en Ukraine, afin de leur donner la marge de manœuvre nécessaire pour manipuler leurs pions et développer leur stratégie. La seconde fonction est de ralentir la Russie, afin de donner du temps au complexe militaro-industriel de rattraper son retard. La troisième fonction est d’entretenir une rupture des élites et une scission de la population, en agitant des illusions de « paix », sans préciser de « quelle paix » il s’agit. La quatrième fonction évidente est de transférer la charge financière de ce conflit sur les épaules des Européens, pour soulager le Centre, autrement dit les États-Unis.

Il ne s’agit donc pas d’une volonté de paix, ni de la part de Trump, ni de la part des États-Unis, mais bien d’une reconfiguration des règles du jeu, puisque les règles en place depuis le début du conflit ne permettent pas la victoire des Atlantistes et coûtent trop cher aux États-Unis.

La finalité reste bien la même : la disparition de la Russie comme sujet politique et géopolitique (au minimum), puisque son existence met en danger le Monde global. Le fait que les choses commencent à être dites ouvertement est en soi un bon signe : cela signifie que les plans globalistes ne se déroulent pas comme prévu. Ils sont obligés de remettre en cause l’idée même de la postmodernité pour revenir vers un Monde réel, moderne, compact, entier, où l’illusion perd sa force. Ce qui permet de reprendre prise sur le déroulement des événements.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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