Mission de paix ou faux-semblant ? L’éventuelle intervention militaire en Ukraine divise sévèrement les Européens
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Selon le Financial Times, lors d’un sommet européen tenu le 17 février, Londres s’est dit prêt à déployer des troupes si un accord de paix en Ukraine était signé, tandis que Berlin, Rome, Varsovie et Madrid jugent la situation trop risquée. De nombreux pays européens se déclarent indignés de ne pas avoir été invités à l'événement.
Les pays européens sont apparus profondément divisés sur l’envoi de troupes en Ukraine lors d’un sommet extraordinaire tenu le 17 février à Paris, a rapporté le Financial Times. Tandis que le Royaume-Uni se disait prêt à déployer ses militaires dans le cadre de l’éventuel accord de paix en Ukraine, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et l’Espagne exprimaient leur réticence, estimant que la situation demeurait trop instable pour envisager une telle intervention.
Convoquée par le président français Emmanuel Macron, cette réunion d’urgence aurait visé à élaborer une position commune face aux pourparlers de paix entre les États-Unis et la Russie. Selon le Financial Times, le Premier ministre britannique Keir Starmer a affirmé que Londres était disposé à envoyer des soldats sur le terrain pour superviser le respect d’un accord de cessez-le-feu.
L’Espagne et la Pologne ont fait valoir la nécessité d’éviter toute escalade, rappelant qu’aucun pays ne songeait sérieusement à une mission de maintien de la paix pour l’instant. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a ainsi souligné que «personne n’envisage actuellement d’envoyer des troupes en Ukraine». De son côté, le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé «extrêmement inopportun» de débattre d’un tel déploiement alors que les combats se poursuivent, estimant qu’il était trop tôt pour prendre une décision aussi délicate.
Varsovie n'est pas prête non plus à envoyer des troupes en Ukraine, a déclaré le Premier ministre polonais Donald Tusk, mais elle maintiendra l'aide humanitaire, logistique et militaire qu'elle fournit à Kiev depuis trois ans.
Bien que le sommet informel ait été qualifié de sommet européen, seule une petite partie des pays de l’Europe avait été invitée. Les dirigeants de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de la Pologne, de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Italie, du Danemark et de l'UE, ainsi que le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'y sont réunis. Aucune décision n'a été prise sur le conflit en Ukraine. De nombreux pays non invités ont exprimé leur indignation, notamment la Roumanie, la République tchèque et la Slovaquie.
«Nous avons manqué le moment» : le constat amer de Viktor Orban sur les négociations de paix en Ukraine
Alors que les discussions à Paris se concentraient sur la position de l’Europe face aux négociations de paix entre Washington et Moscou, certains dirigeants européens ont exprimé leur frustration quant à leur rôle dans ces pourparlers. C’est notamment le cas du Premier ministre hongrois Viktor Orban, dont le pays n’a même pas été invité à la rencontre. Il a vivement critiqué l’absence d’initiative des grandes puissances européennes dans la gestion du conflit en Ukraine, affirmant qu'elles avaient toujours encouragé la guerre : «Le plus pénible c'est que nous, Européens, devons chercher les informations sur [les négociations russo-américaines] dans les journaux. Parce que nous avons manqué le moment: les dirigeants des grands pays européens ont manqué le moment où ils auraient pu prendre l'initiative dans le conflit russo-ukrainien. Ils sont coincés dans leur appui à la guerre, alors que nous les avons persuadés en vain de mener une politique de paix. Ils ne l'ont pas fait. A présent, il ne nous reste plus qu'à observer de côté comment, dans le contexte d'autres sujets importants pour le monde, ils résolvent sans nous les problèmes qui comptent le plus pour nous».