L'interview de Lavrov sur la paix en Ukraine qu'un journal italien a refusée de publier
Source: SputnikLe ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov affirme dans une interview que des «rapports en coulisse» avaient poussé Donald Trump à reporter ou annuler le sommet de Budapest. Il a dénoncé une désinformation des médias occidentaux, tout en confirmant la volonté de la Russie pour une réunion si les accords d'Alaska servent de base.
Le journal italien Corriere della Sera a interviewé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Cependant, apparemment insatisfait de ses réponses et refusant la demande du ministère de publier la version complète sans coupures ni censure, la direction du quotidien a décidé de la rejeter. Néanmoins, le ministère russe des Affaires étrangères a publié le texte de l'interview, questions comprises, sur son site.

L'annulation du sommet à Budapest : résultat de la diplomatie « en coulisse »
La première question du journal italien portait sur l'annulation du sommet de Budapest. Les journalistes ont tenté d'accuser la Russie d'inflexibilité, affirmant que « même l'administration américaine a réalisé le manque de préparation aux négociations sur l'Ukraine ». Sergueï Lavrov a, quant à lui, souligné que le président américain Donald Trump avait reçu des « rapports en coulisse » qui l’ont poussé à « reporter ou annuler » le sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine à Budapest.
Il a indiqué qu’il ne savait pas « d’où venaeint» ces rapports. « Je vous ai présenté le déroulement des événements en m’appuyant seulement sur les faits dont je suis sûr. Je ne vais pas répondre aux intox flagrantes sur "le manque de préparation aux négociations de la part de la Russie", ou "l’échec" des accords d’Anchorage », a souligné le chef de la diplomatie russe.
Il a notamment cité le journal britannique Financial Times, qui a déformé la substance et la chronologie des événements afin de tout mettre sur le dos de Moscou et de détourner le chef de la Maison Blanche de la voie qu'il avait lui-même proposée, à savoir une paix durable et non un cessez-le-feu immédiat. « Si la BBC a truqué la vidéo de Donald Trump en lui attribuant un appel à prendre d’assaut le Capitole, a fortiori le Financial Times, comme on dit chez nous, ment comme il respire », a-t-il ajouté.
La Russie est toujours prête à participer à un sommet à Budapest
Sergueï Lavrov a noté que les accords conclus à l'issue du sommet en Alaska rejoignent étroitement les conditions de règlement proposées par Vladimir Poutine en juin 2024. Il a précisé que le concept américain, présenté à Moscou une semaine avant le sommet d'Anchorage par l'envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, était précisément axé sur la sécurité et les réalités territoriales.
Moscou a accepté de prendre ce concept comme base, tout en proposant une mesure concrète ouvrant la voie à sa mise en œuvre pratique. « Le dirigeant américain a déclaré qu’il avait besoin d’une consultation, mais après sa rencontre avec les alliés le lendemain à Washington, nous n’avons reçu aucune réaction à notre réponse positive aux propositions susmentionnées », a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères.
« Pour aider nos collègues américains à concrétiser leur propre idée », le Kremlin a envoyé à la Maison Blanche un document informel recensant tous les consensus de la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump, a expliqué Sergueï Lavrov. Selon lui, la Russie reste prête à organiser un sommet à Budapest, s'il devait s'appuyer sur les conclusions bien élaborées du sommet en Alaska.
Pour la Russie, il n’y a pas de pays inamicaux, il y a des gouvernements inamicaux
Outre la question des négociations sur le conflit ukrainien, le journal italien s'est enquis de l'état des relations bilatérales entre l'Italie et la Russie, faisant référence à la déclaration du chef de la diplomatie russe selon laquelle l'Italie est un pays « inamical » à la Russie.
Sergueï Lavrov a rétorqué: « Pour la Russie, il n’existe pas de pays et de peuples inamicaux, mais il existe des pays dont le gouvernement est inamical. Un tel gouvernement étant présent à Rome, les relations russo-italiennes connaissent la crise la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Il a noté que ce revirement dans les relations bilatérales n'était pas le fait de Moscou.
Le chef de la diplomatie russe a souligné le fait que l'Italie, contrairement à ses intérêts nationaux, s'était ralliée à ceux qui misaient sur la « défaite stratégique » de la Russie et avait décidé de rompre ses liens culturels avec Moscou. Il a notamment mentionné l'annulation par les autorités italiennes des concerts de chefs d'orchestre et de chanteurs d'opéra russes de renom, ainsi que l'interdiction du dialogue de Vérone sur les questions de coopération eurasienne. « Cela ne ressemble pas du tout aux Italiens ouverts à l’art et à la communication humaine », a indiqué le ministre russe.
Néanmoins, selon Sergueï Lavrov, une coopération équitable et mutuellement avantageuse entre la Russie et l'Italie répond aux intérêts des deux peuples. « Si à Rome on est disposé à avancer vers le rétablissement du dialogue sur la base du respect mutuel et de la prise en compte des intérêts, qu’ils nous le fassent savoir. Nous sommes toujours prêts à vous entendre, y compris votre ambassadeur », a-t-il conclu.
Les entretiens avec Lavrov sont toujours « professionnels et constructifs », affirme Rubio
Marco Rubio a déclaré aux journalistes le 13 novembre que la dernière conversation avec le chef de la diplomatie russe avait abouti à la conclusion que « la prochaine rencontre entre nos présidents doit aboutir à des résultats concrets ». « Nous devons comprendre que nous avons une chance réelle d’obtenir des résultats positifs. Et nous souhaitons que cela arrive », a-t-il indiqué.
Le secrétaire d'État américain a affirmé que la Russie et les États-Unis ne pouvaient pas « continuer à organiser des réunions juste pour avoir des réunions ». Il a également constaté que ses conversations avec Sergueï Lavrov « ont toujours été professionnelles et productives ».
Vladimir Poutine a souligné à plusieurs reprises qu'une rencontre au sommet entre la Russie et les États-Unis ne pouvait avoir lieu sans une préparation sérieuse. « Ce serait une erreur pour les deux parties de se rencontrer sans objectifs clairs ni résultats concrets », a-t-il déclaré en octobre dernier.