La France rétrocède à la Côte d’Ivoire une importante base militaire

Après avoir quitté le Mali, le Burkina Faso, le Niger et dernièrement le Tchad, la France acte son retrait militaire de la Côte d’Ivoire, en attendant un départ «progressif et ordonné» du Sénégal d’ici fin 2025.

La France a rétrocédé à la Côte d'Ivoire la stratégique base militaire de Port-Bouët, située près d’Abidjan, après plusieurs décennies de présence militaire dans le pays.

Lors d'une cérémonie solennelle organisée ce 20 février, les ministres de la Défense des deux pays, l’Ivoirien Téné Birahima Ouattara et le Français Sébastien Lecornu, ont signé un document actant la rétrocession de cette importante base abritant le «43e Bataillon d'infanterie de marine».

La base militaire sera rebaptisée «Camp Thomas d'Aquin Ouattara», du nom du premier chef d'État-major de l'armée ivoirienne.

Ce retrait marque un tournant majeur, car cette base était l'une des plus significatives en Afrique de l'Ouest. Le 43e Bataillon d'infanterie de marine s'est installé en 1978 sur cette base stratégique. Les liens entre les deux armées remontent à 1961, lors d'un accord de défense signé au lendemain de l'indépendance, mais la présence française sur le territoire remonte à l'époque coloniale.

Malgré ce retrait, «la coopération militaire continue avec la France. Il n'y a pas de rupture», a déclaré le ministre ivoirien de la Défense à la presse française. La Côte d'Ivoire devient ainsi un acteur plus autonome en matière de défense, tout en maintenant des partenariats stratégiques avec la France.

Dynamique souverainiste

Cette décision s'inscrit par ailleurs dans un cadre de renouveau des relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique, et fait partie d'un processus plus large de réévaluation de la présence militaire française en Afrique, visant à redéfinir les relations avec les pays africains tout en tenant compte des nouvelles dynamiques géopolitiques.

Après avoir quitté le Mali, le Burkina Faso et le Niger à la suite des coups d'État souverainistes survenus dans ces trois pays du Sahel au cours des dernières années, la France a été contrainte de se retirer dernièrement du Tchad, marquant la fin d’un accord de coopération militaire datant de 1966.

Le Sénégal, de son côté, a annoncé le 12 février une «commission conjointe» chargée d’organiser le départ «progressif et ordonné» des troupes françaises stationnées au Sénégal et la restitution des bases militaires «d’ici fin 2025».

Ces évolutions marquent un changement fondamental dans les relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique parallèlement à la montée en puissance de dirigeants locaux souverainistes.