Budget 2026 de la France : hausse des crédits militaires, austérité généralisée ailleurs

François Bayrou dévoile un budget 2026 marqué par une forte hausse des crédits militaires (+13%) et de la charge de la dette (+8 milliards). Les autres secteurs, notamment les sports, la solidarité et l’aide au développement, subissent des coupes drastiques.
Le projet de budget 2026, présenté sur Youtube par François Bayrou, illustre une priorité claire : renforcer la défense au détriment de presque tous les autres secteurs. Avec un objectif de réduction du déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 à 4,6 % en 2026, le Premier ministre impose une rigueur budgétaire inédite, dans le cadre du plan de redressement visant un déficit sous les 3 % d’ici 2029, conformément aux exigences européennes.
L’armée, seul ministère épargné
Le ministère de la Défense est le grand bénéficiaire, avec une augmentation de 6,7 milliards d’euros (+13 %), dépassant les prévisions de la loi de programmation militaire 2024-2030. Cette hausse, justifiée par un contexte géopolitique tendu depuis le début du conflit en Ukraine et les incertitudes autour de l’OTAN, vise à « réarmer la France ».
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a salué ces investissement en développant sur le réseau social X le 6 août : « Notre effort de défense est nécessaire pour garantir notre capacité à être libres souverainement. Il est aussi essentiel pour notre économie ».
Investir dans nos armées, c’est concret.
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) August 6, 2025
En Auvergne-Rhône-Alpes, l’économie de défense c’est :
➡️ 25 121 emplois dans les 738 PME et ETI sous-traitantes de l’industrie de défense, pour un total de 3,5 milliard d'euros de paiements directs du ministère des Armées aux… pic.twitter.com/YOKTJWMFjs
L’Intérieur échappe aussi aux coupes, avec 600 millions d’euros supplémentaires pour maintenir les effectifs, tandis que la Justice bénéficie d’une légère hausse pour renforcer les capacités pénitentiaires, sous réserve de nouvelles recettes.
En revanche, la charge de la dette explose, avec 8 milliards d’euros supplémentaires pour les intérêts, et le prélèvement pour l’Union européenne augmente de 5,7 milliards. Ces dépenses contraintes absorbent l’essentiel de la hausse des dépenses de l’État (+2,5 %). Hors défense, les ministères subissent une baisse moyenne de 1,6 % en volume. Les coupes les plus sévères frappent les sports, la jeunesse et la vie associative (–20 %), l’aide au développement (–16 %), la solidarité (–6 %, soit 1,7 milliard), le travail (–9 %) et la cohésion des territoires (–900 millions). Ces réductions s’inscrivent dans une logique d’« extinction » des aides post-Covid et inflation, accompagnée d’une suppression de 3 000 emplois publics et d’un gel des salaires dans la fonction publique.
Pour financer ce budget, François Bayrou table sur 10 milliards d’euros de recettes fiscales, via une contribution sur les hauts revenus et un gel du barème de l’impôt sur le revenu. Cependant, ce projet impopulaire risque une censure parlementaire, dans un contexte de majorité fragile.
Le Premier ministre, conscient de ce défi, multiplie les interventions, notamment via sa chaîne YouTube « FB Direct », pour défendre un budget qu’il présentera à l’automne et qui suscite déjà la défiance des oppositions et des syndicats.