«Le chômage partiel, c’est la nationalisation des salaires», explique Macron au Financial Times
Dans une interview accordée au quotidien financier britannique, le président de la République française évoque la brutale remise en cause des règles de l’Union européenne sous la pression de la crise sanitaire.
«Nous avons nationalisé les salaires et le P&L [acronyme de profit and loss − pertes et profits] d’à peu près toutes nos entreprises», a déclaré Emmanuel Macron lors d’une interview accordée au quotidien britannique Financial Times. Il a répété cette formule en expliquant : «Le chômage partiel, c’est la nationalisation des salaires [et] le Fonds [de soutien aux entreprises] de 50 milliards allemand, le fonds de 20 milliards français […] ça s’appelle une nationalisation du compte d’exploitation des commerçants et entrepreneurs.»
Au cours de cet entretien filmé à l’Elysée le 16 avril, le président français a aussi estimé que la crise sanitaire avait remis en cause les fondements de l’Union européenne ainsi que de la zone euro, en remarquant : «Aujourd’hui, nous fonctionnons en zone euro et en Union européenne sans respecter nos traités. Parce que nos traités interdisent les aides d’Etat.»
La veille, dans une interview publiée dans l’hebdomadaire Le Point et intitulée «Ce moment ébranle beaucoup de choses en moi», Emmanuel Macron avait employé une formule proche à propos des mesures exceptionnelles de financement du chômage partiel.
Depuis leur mise en place au début du mois de mars, plus de dix millions de Français employés par près de 830 000 entreprises du secteur privé se trouvent au chômage partiel. Ils perçoivent des indemnités compensatoires à hauteur de 80% du salaire net, sans rupture du contrat de travail.
Cette mesure a sans doute empêché une spectaculaire envolée du chômage, comme aux Etats-Unis ou plus de 26 millions de personnes ont soumis des déclarations de perte d’emploi au cours des cinq dernières semaines, portant le taux de chômage à près de 16%.
Toutefois, ce recours facilité et mieux indemnisé au chômage partiel n’empêche pas le taux de chômage de remonter en France. Pour l’ensemble de l’année 2020, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait la semaine dernière pour la France un taux de 10,4%, très supérieur à l’Allemagne (3,9%), très inférieur à l’Espagne (20,8%) et égal aux Etats-Unis.