France : mal insérés, des réfugiés ukrainiens poussés à rendre leurs logements
Dans l’Est de la France, des dizaines de déplacés ukrainiens auraient été sommés de rendre les logements mis à leur disposition. Des associations et des élus se mobilisent en leur faveur.
«Cela a été un choc, la panique». Une déplacée ukrainienne de 41 ans s’est confiée au journal Le Monde, qui révélait le 24 octobre que des Ukrainiens installés dans l’Est de la France, notamment dans le département de la Moselle, étaient priés de quitter le logement qui avait été mis à leur disposition. Les associations d'hébergement locales, contactées par le quotidien français, répondent agir à la demande des services de l'État. C'est en effet via des subventions que les associations louent ces logements.
Dans cette enquête, la quadragénaire ukrainienne admet qu’elle n’a «pas fait trop d’efforts», affirmant avoir pensé «que le conflit ne durerait pas». Les personnes concernées sont sommées de quitter leur logement avant le 31 octobre, «veille de la trêve hivernale» souligne Le Monde. Durant cette période, qui s'étend du 1er novembre au 31 mars, l'expulsion d'un locataire est impossible.
Le 21 octobre, le quotidien régional L’Est Républicain se faisait écho d’une soixantaine d’Ukrainiens menacés d'expulsion venus manifester à Nancy. Quelques jours plus tôt, citant l'association à l'origine de ce rassemblement, la même source rapportait qu'«au moins une centaine» d'Ukrainiens de Meurthe-et-Moselle avaient reçu une lettre les menaçant d'expulsion.
Des associations face à leur propre impuissance
Le 21 octobre, une réunion entre la préfecture et les associations aurait donné, selon Le Monde, des garanties de non expulsion d’ici la trêve hivernale mais également étudié «comment amener un maximum de déplacés vers un projet d’autonomie d’ici à la fin de l’année.»
«L’accompagnement par l’insertion n’est pas allé au bout», ont affirmé des associations de la région Grand-Est. De son côté, la préfecture de Meurthe-et-Moselle constate «que certaines familles ne se sont pas saisies de l’accompagnement qui leur a été proposé».
Dans un communiqué commun, diffusé le 24 octobre sur les réseaux sociaux, Chaynesse Khirouni, présidente du département de Meurthe-et-Moselle, et Mathieu Klein, président de la métropole du Grand Nancy, tout deux membres du Parti socialiste, ont tenu à se montrer rassurants.
[COMMUNIQUÉ DE PRESSE]
— Département de Meurthe-et-Moselle (@Departement54) October 24, 2024
Déplacés ukrainiens en Meurthe-et-Moselle : assurer le logement est fondamental 👇https://t.co/vhfRQewgjDpic.twitter.com/w8YnzpmgP9
Les élus concèdent ainsi que «si certains d’entre eux sont déjà bien avancés sur ce chemin de l’intégration, d’autres ont besoin de plus de temps et donc d’une visibilité plus forte concernant l’occupation de leur logement actuel». Selon eux, les déplacés seront maintenus «a minima jusqu’à la fin de l’année dans les logements concernés». «Des initiatives sont aussi en cours concernant en particulier l’apprentissage de la langue et l’aide à la recherche d’emploi», ont-ils également affirmé.
Réfugiés ukrainiens : la Russie toujours en tête des pays d'accueil
Mi-octobre, la présidente de l'association Échanges Lorraine Ukraine (ELU) évoquait sur Instagram un appel lancé aux autorités françaises afin de «trouver en urgence une solution aux problèmes liés au logement des déplacés ukrainiens en France». Selon ELU, «96 personnes au total et 39 enfants mineurs qui sont sommés de quitter leur logement social, sans aucune autre alternative valable en face» auraient été recensés «rien qu'en Moselle».
Selon les chiffres de l’Union européenne, la France compterait un peu plus de 60 000 déplacés ukrainiens. Elle occupe ainsi la quatrième place parmi les États de l'UE ayant accueilli des Ukrainiens depuis le début de l’opération spéciale, après l’Allemagne, la Pologne et la République tchèque. Selon les chiffres de l'ONU, c'est la Russie qui reste en tête, en matière d'accueil du plus grand nombre de réfugiés ukrainiens, à savoir 1,2 million au 31 décembre 2023.