LR : la guerre des chefs s’intensifie entre Retailleau et Wauquiez

LR : la guerre des chefs s’intensifie entre Retailleau et Wauquiez© Wiki commons
Laurent Wauquiez à Bruxelles en 2018.
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À deux mois du congrès des Républicains, les tensions montent entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Piques acerbes et stratégies opposées marquent une campagne où chacun veut éviter d’endosser la responsabilité d’une fracture interne.

La course à la présidence des Républicains (LR) prend des allures de duel fratricide. À deux mois du scrutin prévu pour mai 2025, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, et Laurent Wauquiez, chef des députés LR, haussent le ton. Mercredi 12 mars, sur RTL, Bruno Retailleau a lâché une pique cinglante en réponse aux critiques de Laurent Wauquiez sur ses résultats au gouvernement : «Les chiens aboient, la caravane tranquille passe». Une sortie qui a crispé son rival. «Je pense que c’était une phrase malheureuse et je suis sûr qu’il la regrette», a rétorqué Laurent Wauquiez lors d’une réunion publique à Provins, devant 250 personnes, appelant à éviter «des mots qui peuvent être blessants».

Ce premier accrochage révèle des stratégies divergentes. Laurent Wauquiez, qui se rêve en héritier de Jacques Chirac, multiplie les références à l’ancien président. Sur Europe 1, il a évoqué les «poignards qu’on lui a plantés dans le dos», allusion à la trahison d’Édouard Balladur en 1995, pour souligner sa propre résilience face aux attaques. Ses équipes multiplient également les allusions à cette campagne qui s’est déroulée il y a déjà 30 ans.

Le président du groupe LR à l’Assemblée mise sur une campagne de terrain, promettant de «sillonner la France» pour rallier les militants. Son atout : une parole «libre», qu’il oppose à celle de Retailleau, qu’il juge bridée par la «solidarité gouvernementale». Sur l’Algérie, par exemple, il fustige Emmanuel Macron pour son refus de dénoncer l’accord de 1968, accusant l’exécutif d’avoir «capitulé». «Il faut une voix autonome pour notre parti», martèle-t-il.

Bruno Retailleau, lui, joue la carte de la sérénité et de la stature ministérielle. Fort de sa popularité croissante à Beauvau, il promet de rester «zen» face aux assauts, tout en défendant son bilan. Mais ses proches ripostent : l’un d’eux a dénoncé «la fébrilité» de Wauquiez, appelant ce dernier à «garder son calme». Le ministre veut incarner une droite ferme et unie, loin des divisions passées comme le duel Copé-Fillon avait pu l’illustrer. Ses soutiens mettent par ailleurs en avant le fait qu’il fait «systématiquement salle comble lors de chaque déplacement».

Les soutiens s’organisent dans l’ombre. Christian Jacob, ex-patron de LR, appuie Laurent Wauquiez, insistant : «La présidence, c’est un travail à plein temps». Bruno Retailleau soutenu par une majorité de cadres, bénéficie d’une cote favorable dans les sondages auprès des sympathisants. Aucun des deux ne veut endosser la faute d’une «guerre des chefs» dévastatrice, mais les hostilités, masquées par des appels au calme, sont bel et bien lancées alors que le congrès du 17 mai s’annonce comme un test de survie pour une droite en quête de souffle.

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