TVA sociale : Bayrou relance un débat explosif pour redresser les finances

François Bayrou a rouvert, le 27 mai, la piste d’une TVA sociale pour alléger les charges sur le travail et financer la Sécurité sociale. Cette mesure controversée, saluée par le patronat mais dénoncée par la gauche, pourrait être soumise à un référendum.
Le 27 mai, le Premier ministre François Bayrou a relancé l’idée d’une « TVA sociale » lors d’une interview sur RMC-BFMTV, proposant aux partenaires sociaux de s’emparer de ce dossier brûlant. Cette mesure, votée en 2012 sous Nicolas Sarkozy puis abrogée par François Hollande, vise à réduire les cotisations sociales patronales, compensées par une hausse de la TVA.
🚨 BUDGET 2026 : Bayrou annonce un "effort à TOUS les Français" et ressort la TVA sociale !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) May 27, 2025
Le 1er ministre souhaite que les partenaires sociaux "s'emparent" de cette mesure qui consiste à :
👉 Baisser les cotisations sur le travail
👉 Compenser par une hausse de la TVA
Cette… pic.twitter.com/WBv8HcL11X
Objectif : alléger le coût du travail, augmenter les salaires nets et financer la Sécurité sociale par la consommation. François Bayrou, soutenu par Emmanuel Macron qui avait évoqué une telle mesure mi-mai, y voit un moyen de « récompenser le travail » face à un modèle social trop dépendant des cotisations.
Une mesure soutenue par le Medef et rejetée par les oppositions
Concrètement, une hausse d’un point de TVA pourrait générer entre 8 et 13 milliards d’euros, selon les estimations, contribuant aux 40 milliards d’économies visés pour 2026. Le patronat, Medef et union des entreprises de proximité (U2P) y sont favorables, arguant que cela doperait la compétitivité et taxerait les importations. Des économistes, comme François Ecalle, soulignent que la France, où les cotisations patronales pèsent 22,5 % des prélèvements (contre 17,9 % en moyenne dans l’UE), pourrait s’aligner sur ses voisins.
Mais la mesure suscite une levée de boucliers dans les oppositions. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT s’insurge : « ce n'est plus possible que ce soit toujours les travailleurs et les travailleuses qui passent à la caisse ».
TVA sociale: "Ce n'est plus possible que ce soit toujours les travailleurs et les travailleuses qui passent à la caisse", assure Sophie Binet (CGT) pic.twitter.com/V8RFBXfigS
— BFMTV (@BFMTV) May 27, 2025
Les partis de gauche, avec Manuel Bompard (LFI) et Fabien Roussel (PCF), dénoncent cette mesure qui pourrait pénaliser les plus modestes, pour qui la consommation représente une part importante des dépenses.
Le RN, par la voix du député Sébastien Chenu a menacé de voter une motion de censure en cas de recours à une telle TVA par le gouvernement.
La TVA sociale est un impôt injuste car il touchera tout le monde de la même façon. De nombreux Français passeront sous le seuil de pauvreté ! Si François Bayrou décide de la mettre en place, nous censurerons ce gouvernement. @BFMTVpic.twitter.com/kaypTa1jBm
— Sébastien Chenu (@sebchenu) May 27, 2025
De son côté la ministre de l’Égalité homme femme, Aurore Bergé, a reconnu un risque de censure mais a appelé à assumer de prendre des risques.
💬 « Oui à tout moment le gouvernement peut être censuré. Donc assumons de prendre des risques !
— Aurore Bergé (@auroreberge) May 27, 2025
Celui de la baisse de la dépense publique. Celui des réformes. Celui du courage. Sans changer notre fiscalité, sans dette supplémentaire. »#GGRMC
📺 @GG_RMCpic.twitter.com/pNiihoPtXQ
François Bayrou, prudent, évoque une concertation avec les partenaires sociaux et n’exclut pas un référendum. Cependant, avec une majorité fragile et des oppositions unies contre la mesure, le risque politique est élevé. La Cour des comptes alerte sur une possible crise de liquidité de la Sécurité sociale d’ici 2027, rendant l’enjeu crucial. Entre compétitivité économique et justice sociale, le débat s’annonce houleux, et l’issue incertaine.