Vilipendés dans la rue, contestés en interne : les socialistes au bord de la rupture avec la gauche

Lors de la manifestation intersyndicale du 2 octobre à Paris, Olivier Faure et d’autres socialistes ont été copieusement hués par des militants radicaux. Symbole des fractures à gauche, cet incident survient alors que des figures comme Carole Delga refusent ouvertement de soutenir La France insoumise, fragilisant l’unité du Nouveau Front populaire.
Les socialistes, jadis piliers de la gauche, font face à une hostilité croissante, dans la rue comme en interne. Le 2 octobre, lors de la manifestation syndicale à Paris contre la politique budgétaire du gouvernement Lecornu, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a été pris à partie. Un épisode illustrant les divisions béantes à gauche. Un désaveu semblable s'était déjà produit le 1er mai 2024 avec Raphaël Glucksmann.
Huées et invectives : un accueil glacial pour le PS
Vers 14 heures, boulevard du Port-Royal, Faure et Boris Vallaud, répondant à la presse sur les mesures « très en deçà » des attentes, sont interrompus par des cris : « Tout le monde déteste le PS », « PS, collabo ! », « Faure dégage ! », « PS, Macron, même combat ! ». Une quarantaine de militants radicaux les encerclent, lançant même : « Vous êtes pire que le RN ! ». Protégés par la sécurité, les élus évitent la violence.
« Tout le monde déteste le PS »
— Edgar Bequet (@edgarbequet) October 2, 2025
« PS collabos »
Accueil très hostile pour Olivier #Faure et Boris #Vallaud dans la manifestation parisienne ce jeudi. #greve2octobrepic.twitter.com/FxxHRMOQyM
Olivier Faure rétorque : « Tout ce pour quoi ils manifestent, c’est à nous qu’ils le doivent. » Il fustige ces « militants radicaux » qui « trahissent l’espérance des Français » en divisant la gauche. Le Premier secrétaire du Parti socialiste invoque des figures comme Jaurès, Blum et Mitterrand et d’ajouter : « Je me sens partout à ma place quand j’ai décidé d’être là ».
« PS collabos ! », « Tout le monde déteste le PS ! »
— Antoine Oberdorff (@A_Oberdorff) October 2, 2025
🔥 Olivier Faure, Boris Vallaud et les élus socialistes chahutés dans la manif parisienne du 2 octobre, comme ils l’avaient été le 1er mai et à de multiples reprises par quelques nervis d’extrême gauche.
👉 Sous les huées,… pic.twitter.com/wQDTYAOXbD
Alors que le PS doit rencontrer le Premier ministre Sébastien Lecornu vendredi matin, une partie de la gauche reproche les tractations qui ont pu exister entre les socialistes et le centre au pouvoir.
Dissidence interne : Carole Delga rompt avec LFI
Les tensions avec une partie de la gauche se sont matérialisées avec Carole Delga, présidente d’Occitanie, qui refuse de soutenir Martha Peciña (LFI) au second tour d’une législative partielle des Français de l'étranger en Espagne, malgré la ligne officielle du PS. « J’ai des désaccords majeurs avec LFI », déclare-t-elle sur Sud Radio, critiquant l’absence de débat interne.
.@CaroleDelga (@partisocialiste) : "Je ne soutiens pas @MartitaPna à l'élection législative partielle de la 5ᵉ circonscription de l'étranger (...) Ce n'est pas la position du PS, c'est un propos individuel de @PJouvet" #GrandMatinhttps://t.co/YQboUaZ3HNpic.twitter.com/piJ05z16VU
— Sud Radio (@SudRadio) October 1, 2025
Jean-Luc Mélenchon fustige une « bascule historique », et Manuel Bompard questionne la stratégie du PS. Pierre Jouvet, secrétaire général, réaffirme le soutien à Peciña pour « la justice sociale », appuyé par le candidat PS éliminé, Guillaume Horn. Cette dissidence traduit une tentation chez certains socialistes modérés : rompre avec LFI, jugée toxique, au risque de fragiliser le Nouveau Front populaire avant 2027. Le PS, menace néanmoins Sébastien Lecornu de censure se plaçant résolument dans une position d’arbitre.