Budget de la Sécu : Michel Barnier refuse de «tout céder, tout brader» au nom du compromis
© Thierry Monasse/dpa Source: Gettyimages.ruDans une tribune parue dans Les Échos, le député de Paris et ex-Premier ministre français a annoncé qu’il ne votera pas «en l’état» le budget de la Sécu pour 2026. Mettant en garde contre l’«erreur» à ses yeux «irréparable» de la suspension de la réforme des retraites, il a dénoncé les «petits calculs politiques irresponsables et de courte vue».
« L'esprit de compromis ne se forge pas sous la pression politique et le chantage du Parti socialiste, mais en conscience et dans l'intérêt supérieur du pays et des Français. » Dans une tribune publiée ce 5 décembre dans les colonnes du quotidien Les Échos, Michel Barnier s’en prend au projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) qui, en l’état, repousse jusqu’en janvier 2028 le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans prévu par la réforme de 2023.
Pour l’ancien Premier ministre, aujourd’hui député de Paris, ce report exigé par les socialistes sous peine de censure du gouvernement Lecornu « serait une erreur politique et économique majeure et sans doute irréparable ». « On ne doit jamais marchander l'équilibre et la pérennité de notre modèle social au prix de petits calculs politiques irresponsables et de courte vue. C'est hélas ce à quoi conduirait le vote de l'actuel PLFSS », a-t-il insisté.
Si l’ancien chef du gouvernement français ne « blâme pas » l’actuel locataire de Matignon, qui à ses yeux « a tenté de bâtir un compromis », il défend que « préserver la confiance des Français dans notre modèle doit rester une priorité absolue ». « Il faudra sans doute aussi introduire une tranche de capitalisation », a-t-il ajouté.
La retraite des Français en péril : « une vérité que nous devons assumer »
« La dette sociale est un fardeau, et nous ne pouvons plus nous permettre de différer l'effort de redressement des comptes », a-t-il souligné, évoquant « une vérité que nous devons assumer ». « Chaque année sans agir alourdit encore la charge laissée à nos enfants », a insisté Michel Barnier, appelant à des « décisions courageuses » au profit de « la soutenabilité de notre protection sociale ».
S’appuyant sur un rapport « sans appel » de la Cour des comptes, il invoque « la dure réalité démographique » et l’insoutenabilité d’un système de retraite par répartition qui ne serait pas réformé.
La suspension de la réforme des retraites coûterait 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard d’euros en 2027. Pour en compenser le coût pour la Sécurité sociale, le Parti socialiste a fait adopter à l’Assemblée un amendement pour rehausser la contribution sociale généralisée (CSG), qui passerait de 9,2 % à 10,6 % sur les revenus du capital. Deux mesures contre lesquelles ont voté les sénateurs et qui font, ces derniers jours l’objet de tractations entre le gouvernement et les parlementaires.