«Pas à la hauteur de ses responsabilités» : Amnesty fustige la politique d'immigration de la France
Dans son rapport annuel, Amnesty International se montre très critique vis-à-vis de la politique migratoire menée par la France, estimant que celle-ci ne s'était pas améliorée depuis l'élection d'Emmanuel Macron.
«Avant l'élection d'Emmanuel Macron, la France n'était pas à la hauteur de ses responsabilités. Elle ne l'est toujours pas» : Amnesty International, qui a publié son rapport annuel le 22 février, porte un regard très critique sur la politique d'accueil des étrangers de la France.
Devant la presse, la directrice du pôle action d'Amnesty International France, Catherine Gaudard, a estimé que l'opposition entre migrants d'un côté et réfugiés de l'autre contribuait «à déshumaniser les personnes exilées, à faire un tri entre les bons et les mauvais». «On est encore loin de la France exemplaire qui place le respect des droits de tous au cœur de sa politique», a-t-elle affirmé.
Dans le détail, l'ONG a constaté le renforcement à Calais des opérations d'interpellation et de fouilles depuis le démantèlement de la «Jungle» en novembre 2016. Et selon Catherine Gaudard, les associations y ont fait l'objet d'«intimidations inacceptables de la part des autorités», notamment pour «la distribution de vivres».
Amnesty International a en outre dénoncé le renvoi en Italie de près 27 000 réfugiés et migrants entre janvier et juillet, «y compris les mineurs non accompagnés», sans respect, selon l'ONG, de leur droit de demander l'asile en France. Par ailleurs, Amnesty s'indigne des poursuites pour «délit de solidarité», rappelant le cas de Cédric Herrou, condamné en août à quatre mois avec sursis pour avoir aidé des migrants à passer la frontière franco-italienne.
Le projet de loi Asile et immigration dans le viseur
Le projet de loi Asile et immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb est également dans le viseur de l'organisation. Selon Jean-François Dubost, responsable du pôle protection des populations à Amnesty, la réduction des délais d'instruction de demandes d'asile, mesure-pivot du projet de loi, s'apparente à «une volonté de dissuader». «Des demandeurs d'asile vont se retrouver sur le carreau et notre préoccupation c'est de nous retrouver dans quelques mois avec des personnes qui vont rentrer dans leur pays, en étant parfois forcées de le faire, alors qu'elles ont des craintes», a-t-il expliqué.
Le projet de loi Asile et immigration vise notamment à réduire à six mois les délais d'instruction de la demande d'asile contre 11 actuellement et à faciliter la reconduite à la frontière pour les déboutés. Présenté en Conseil des ministres le 21 février, le projet de loi est critiqué par la droite qui le trouve trop laxiste et par la gauche qui le trouve répressif. Il divise même au sein de la majorité, dont l'aile gauche considère qu'il contient des mesures trop restrictives pour les libertés individuelles.
La société civile n'est pas en reste : à l'appel de plusieurs associations, quelque 200 personnes se sont réunies le 21 février devant le conseil d'Etat pour protester contre le projet présenté par Gérard Collomb.