Attentats du 13 Novembre : Salah Abdeslam traité de «racaille» et de «lâche» par des victimes
Ce sont 350 parties civiles qui vont prendre la parole lors du procès des attentats du 13 septembre, ouvrant une phase qui durera 5 semaines. Les premiers témoignages ont violemment brocardé Salah Abdeslam, suscitant la colère de ses avocats.
C’est la première fois que les victimes prennent la parole lors du procès des attentats du 13 Novembre 2015. L’audience des parties civiles a en effet démarré le 28 septembre, dans une atmosphère tendue où plusieurs survivants des attentats ont souhaité prendre Salah Abdeslam à partie.
Ce sont une dizaine de personnes qui ont été entendues par la Cour d’assise le 28 septembre. Elles ont toutes évoqué le traumatisme qu’elles ont subi lors des attentats au stade de France, les difficultés à reconstruire leur vie et parfois le manque de reconnaissance de leur hiérarchie, en ce qui concerne les gendarmes de la Garde républicaine en charge de la surveillance du stade ce soir-là.
« T’as fait le lâche frère » ; « racaille » : Salah Abdeslam invectivé par des victimes
Ce sont cependant les griefs contre les accusés qui ont émaillés la séance. Un père de famille a notamment évoqué son manque d’illusion vis-à-vis de leur réintégration dans la société. «Ceux qui ont fait ça... C'est même pas que je veux leur manquer de respect. Moi j'ai grandi dans des cités. Il sortira, il recommencera... On le sait très bien», a-t-il lâché, avant de se tourner vers Salah Abdeslam. «T’as fait le lâche frère, tu l’as pas gardée la ceinture sur toi. Tu l’as pas gardée», lui a-t-il alors lancé avant d’être repris par le président de séance.
Il est temps de pointer tous les petits Abdeslam de France
Un autre survivant a laissé sa colère s’exprimer plus radicalement. Avouant qu’il n’avait toutefois guère désiré venir témoigner, il est revenu sur l’attaque de la terrasse du Carillon avant de prendre Salah Abdeslam à partie.
«Salah Abdeslam n'est rien d'autre qu'une petite racaille. Il nous fait croire qu'il est un guerrier. Il n'est rien de tout ça. Moi j'ai vu son frère tuer des gamines de vingt ans, sans défense», a-t-il dénoncé. «Oui le terrorisme islamiste tue [...] Il est temps de pointer tous les petits Abdeslam de France», a-t-il affirmé avec fermeté. «S'il reste un peu de vie, d'honneur dans ce pays : n'ouvrez jamais cette porte au dialogue avec ce cancer qu'est l’islamisme. On ne discute pas avec ses métastases», a-t-il encore ajouté.
Le témoin a également mis en cause Manuel Valls, alors Premier ministre. Ce dernier a aussi été visé récemment par un documentaire d'Arte appuyant le fait qu'il aurait fait valoir ses intérêts personnels lors de l'intervention des forces de l'ordre. L'ancien chef de gouvernement a porté plainte pour diffamation contre la chaîne.
Les avocats de Salah Abdeslam n’ont pas manqué de réagir. Affirmant que leur client a été «insulté» à plusieurs reprises, ils ont estimé qu’il n’était pas possible de « tolérer des invectives et des insultes dans une salle d’audience». Une avocate de partie civile a pour sa part regretté que le prévenu ne pouvait pas réagir au dernier témoignage, ce à quoi le président a rétorqué que Salah Abdeslam avait suffisamment eu la parole depuis l’ouverture du procès.
«Quand un accusé dit : les terroristes sont mes frères quand on vient de voir des victimes, il ne faut pas s'étonner que des personnes aient des réactions virulentes à la barre», a rétorqué le président.
Jusqu’au 1er octobre, ce sont les parties civiles des terrasses qui défileront à la barre. La cour d’assise a en effet choisi d’entendre les témoignages dans l’ordre chronologique des faits : les parties civiles du bar Le Carillon, du Petit Cambodge, de la Bonne Bière, de la Casa Nostra, de La Belle Equipe et enfin du Comptoir Voltaire.