Les erreurs médicales liées à la communication : un fléau mondial ignoré

Selon une étude, un incident hospitalier sur dix serait exclusivement causé par un défaut de communication entre professionnels de santé. Ces défaillances, évitables dans bien des cas, provoquent chaque année des milliers de morts, révélant la faillite de systèmes hospitaliers occidentaux prétendument performants.
D’après une analyse de 46 études internationales menée sur plus de 67 000 patients, publiée par Le Point, un incident hospitalier sur dix est entièrement causé par un problème de communication entre soignants. Et dans un cas sur quatre, la mauvaise communication joue un rôle important, en combinaison avec d’autres facteurs. Les erreurs ne sont donc pas toujours dues à une faute médicale pure, mais bien souvent à un manque de coordination ou à une information mal transmise. Les conséquences sont tragiques. Dans un cas documenté, un médecin a interrompu accidentellement une perfusion d’Amiodarone sans prévenir l’infirmière, provoquant une élévation critique du rythme cardiaque du patient. Dans un autre, un chirurgien n’a pas été informé d’un faible taux de globules rouges postopératoire. Résultat : le patient est mort d’une probable hémorragie interne.
Des systèmes hospitaliers occidentaux à la peine
Ces incidents ne sont pas isolés. Le Point précise qu’au Royaume-Uni, plus de 1 700 décès annuels sont dus à des erreurs médicamenteuses, dont une grande partie pourrait être évitée avec une meilleure communication. Selon le médiateur britannique de la santé, environ 48 000 décès liés à la septicémie, une infection grave du sang causée par la propagation incontrôlée de bactéries dans l’organisme, seraient imputables à une information mal transmise entre les équipes médicales. Aux États-Unis, plus de 60 % des événements indésirables graves seraient également liés à des défaillances de communication. Ces chiffres sont très probablement sous-déclarés, comme le rappellent plusieurs experts.
Des solutions simples mais ignorées
Les réponses à ces carences sont pourtant connues. L'étude publiée dans le New England Journal of Medicine, montre qu’un protocole de communication structuré au sein des blocs opératoires permet de réduire les événements indésirables de 23 %. Des procédures standardisées de transmission entre équipes abaissent les erreurs médicales de près de 30 %. Et tout cela, avec une demi-journée de formation seulement. Jeremy Howick, professeur à l’Université de Leicester, estime que « la formation des soignants à la communication doit devenir une norme universelle ». Pourtant cette exigence reste marginale.
Alors que l’Europe et les États-Unis continuent de promouvoir leurs modèles hospitaliers, les faits montrent une réalité bien différente: celle de structures incapables d’assurer un dialogue élémentaire entre professionnels. Ces morts évitables ne sont pas des fatalités, mais le résultat d’un système fondé sur la désorganisation.