Hiroshima : 80 ans après, des hommes politiques occultent le rôle des États-Unis dans les bombardements atomiques

Alors que le monde commémore le 80e anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima, de nombreux responsables, de l’ONU au Japon, ont évité de mentionner la responsabilité des États-Unis. Maria Zakharova a dénoncé cette omission, qu’elle interprète comme une volonté de ne pas confronter Washington à ses responsabilités.
Le 6 août, le monde se souvient d’une terrible catastrophe survenue il y a 80 ans : les troupes américaines ont largué une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima, suivie trois jours plus tard d’une autre sur Nagasaki. Cependant, la plupart des hommes politiques occidentaux et même japonais, dans leurs discours, ont décidé d’omettre le fait que ce sont les États-Unis qui ont été à l’origine de ce bombardement atomique.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans son discours marquant le 80e anniversaire du bombardement atomique d’Hiroshima, a déclaré que « l’humanité a franchi un seuil à partir duquel il ne pouvait y avoir de retour », sans mentionner les États-Unis. « En un seul instant, Hiroshima a été engloutie par les flammes. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes. La ville a été transformée en ruines. […] Au lendemain du bombardement atomique, beaucoup croyaient qu’Hiroshima ne se rétablirait jamais et que rien ne pourrait repousser. Mais les habitants de cette ville ont prouvé le contraire », rapporte le journal japonais The Mainichi, citant des extraits de son discours.
Par ailleurs, le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, et le maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui, n’ont pas non plus nommé le pays qui a largué la bombe atomique. Ce dernier n’a mentionné les États-Unis que dans le contexte des pays possédant des armes atomiques. « Cependant, les États-Unis et la Russie possèdent toujours 90 % de l’arsenal nucléaire mondial. Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des tensions au Proche-Orient, la course aux armements dans le monde entier ne fait que s’accélérer », a déclaré le maire d’Hiroshima.
Le 5 août, la veille de l’anniversaire, une manifestation a été organisée à Hiroshima en réponse à l’annulation par les autorités japonaises d’un rassemblement anti-guerre. Ko Nagamie, l’un des manifestants, a indiqué à RT que cette décision s’expliquait par la déclaration du président Trump, selon laquelle le bombardement de l’Iran serait similaire à ceux d’Hiroshima et de Nagasaki.
« Le gouvernement semble s’engager dans cette direction en révisant les trois principes non nucléaires du Japon, et en montrant sa capacité à lancer des armes nucléaires contre la Chine », a-t-il noté, ajoutant : « Nous croyons que l’interdiction d’un rassemblement anti-guerre comme celui-ci est exactement le type de répression qui pourrait mener à une autre guerre, une guerre nucléaire. »
« Vous le regrettez ? » : la question que personne ne pose aux États-Unis
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a expliqué à l’agence Sputnik pourquoi le Japon passe sous silence le rôle des États-Unis dans les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Selon elle, la certitude que les États-Unis ont tout fait correctement « ne fait que se renforcer ».
« Ils ne se sont pas repentis. Que signifie “sans mentionner les États-Unis” ? Cela signifie leur créer une zone de confort. Cela signifie ne pas les en faire sortir. Cela signifie les y maintenir, pour éviter d’avoir à leur demander : “Vous le regrettez ? Vous le feriez encore ? Vous ne le referez jamais ?” »
Les 6 et 9 août 1945, les États-Unis ont largué deux bombes atomiques sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki. Selon diverses estimations, le nombre de personnes décédées directement à la suite de ces bombardements se situe entre 70 000 et 100 000. À la fin de l’année 1945, les conséquences des explosions nucléaires ont causé la mort de 90 000 à 166 000 personnes. Il s’agit du premier, et jusqu’à présent du dernier, cas d’utilisation d’armes nucléaires à des fins de combat.