Sommet de Charm el-Cheikh : absences marquantes et fractures arabes autour de Gaza

Le sommet de Charm el-Cheikh a été marqué par l’absence remarquée de l’Arabie saoudite et des Émirats, révélant des fractures sur le dossier de Gaza. Le désaccord porte notamment sur l’avenir du Hamas et le rôle de l’Égypte dans la diplomatie arabe. L’initiative occidentale apparaît fragilisée par le manque d’unité arabe.
Lors du sommet pour la paix organisé à Charm el-Cheikh, le 13 octobre, plusieurs absences ont jeté une ombre sur l’initiative. Le président émirati Mohamed ben Zayed Al Nahyane a brillé par son absence, laissant son frère le représenter, ce qui a provoqué un moment gênant lorsque Donald Trump, croyant le voir dans la salle, a tenté de le féliciter.
Le prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane a également décliné l’invitation, se faisant représenter par son ministre des Affaires étrangères. Ces absences symbolisent les tensions persistantes entre pays arabes, notamment entre l’Égypte, d’un côté, et Riyad et Abou Dhabi, de l’autre.
Un plan qui ne fait pas consensus
Au cœur du désaccord : le rôle futur du Hamas à Gaza. Tandis que les Émirats et l’Arabie saoudite exigent son désarmement total, le Caire juge cette condition irréaliste. Ces divergences empêchent une position arabe unifiée, essentielle pour la crédibilité de tout plan international de reconstruction et d’administration de Gaza. Le projet proposé par Trump, qui ne mentionne pas explicitement ces exigences, n’a été signé que par quatre pays : l’Égypte, les États-Unis, la Turquie et le Qatar. L’absence de signature des deux puissances du Golfe pourrait compromettre les promesses de financement, dont dépend largement l’avenir de Gaza.
Pour le média Middle East Eye, ces absences traduisent une volonté saoudienne et émiratie de ne pas laisser l’Égypte reprendre le leadership diplomatique arabe. Depuis qu’ils ont soutenu financièrement le gouvernement de Sissi, ces pays du Golfe perçoivent Le Caire comme un partenaire secondaire.
L’effacement global des pays arabes face à la forte présence de dirigeants occidentaux confirme le malaise : le plan occidental est jugé injuste vis-à-vis des Palestiniens et difficile à défendre politiquement dans le monde arabe. Comme le souligne un expert cité par Middle East Eye, sans front uni arabe, toute initiative risque d’être perçue comme une imposition extérieure, manquant de légitimité régionale. Les absences des dirigeants du Golfe ont ainsi exposé non seulement des rivalités politiques, mais aussi les limites d’un sommet censé incarner l’unité et la paix.