Zelensky élu président de l'Ukraine : Moscou espère une amélioration des relations
Ce 21 avril, les Ukrainiens ont préféré Volodymyr Zelensky au président sortant Petro Porochenko, lors du second tour de l'élection présidentielle. Les réactions à l'élection de ce candidat atypique se succèdent.
La chancelière allemande Angela Merkel a félicité le comédien Volodymyr Zelensky pour sa victoire à la présidentielle en Ukraine et l'a assuré du soutien continu de l'Allemagne au pays en guerre en espérant que cette élection aiderait à le stabiliser.
«La stabilisation de l'Ukraine et une résolution pacifique du conflit me sont aussi chères que la mise en oeuvre de réformes centrales concernant le système judiciaire, la décentralisation et la lutte contre la corruption», a déclaré la chancelière.
«Le gouvernement fédéral continuera à soutenir activement l'Ukraine dans son droit à la souveraineté et à l'intégrité territoriale dans l'avenir», a-t-elle dit.
- Auteur: RT France
Dans un message commun adressé au nouveau président ukrainien, le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker soulignent le «fort attachement à la démocratie et à l'Etat de droit que le peuple d'Ukraine a démontré tout au long du processus électoral».
Auteur: RT FranceSur Facebook, le Premier ministre russe Dimitri Medvedev a expliqué espérer une «chance» d'améliorer les relations entre Moscou et Kiev, avec l'élection du nouveau président ukrainien.
«Il y a une chance d'améliorer la coopération avec notre pays», a-t-il écrit.
Le chef de l'Etat français Emmanuel Macron a été l'un des premiers dirigeants étrangers à appeler le vainqueur de la présidentielle.
Emmanuel Macron a appelé Volodymyr Zelensky, qu'il avait reçu pendant la campagne, «pour le féliciter de sa victoire ce 21 avril 2019», selon l'ambassadeur de France en Ukraine Isabelle Dumont sur son compte Twitter.
Volodymyr Zelensky a de son côté publié sur Facebook une photo où il tient un téléphone portable devant lui : «Mes remerciements les plus sincères au président de la république Française Emmanuel Macron, pour les félicitations», a-t-il écrit en français.
Selon l'agence de presse russe Interfax, qui cite des médias ukrainiens, dont Strana, le président sortant, Petro Porochenko, aurait reçu des garanties d'immunité de la part de Washington. De même source, les Etats-Unis auraient notamment enjoint à l'équipe de campagne de Volodymyr Zelensky de laisser son prédécesseur «tranquille».
Volodymyr Zelensky a annoncé que le président sortant Petro Porochenko lui avait téléphoné pour lui adresser ses félicitations à la suite de sa victoire.
Il s'est également engagé à «protéger la langue ukrainienne» et à ce que le cessez-le-feu dans le Donbass devienne «une réalité». «Mon premier objectif est de ramener tous les prisonniers de guerre à la maison», a-t-il poursuivi.
Selon l'agence de presse russe Interfax, Volodymyr Zelensky a assuré qu'il souhaitait «relancer» le processus de paix impliquant la Russie et continuerait d'agir dans le cadre du «format Normandie», (format quadripartite réunissant depuis juin 2014 la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine).
«Nous allons poursuivre le processus de Minsk, nous allons le relancer», a-t-il déclaré lors de sa première conférence de presse.
Aux termes des accords de Minsk conclus en 2015, les belligérants ont promis de procéder à des échanges rapides de prisonniers dans le cadre du processus paix dans le Donbass.
Karine Bechet-Golovko, professeur à l’Université d’Etat de Moscou, était invitée sur RT France à commenter les résultats du second tour de l’élection présidentielle ukrainienne remportée par Volodymyr Zelensky. Selon elle, cette victoire montre «que tout le système post-Maidan qui a été mis en place par les Européens et les Américains est un échec».
Plus de 35 millions d'électeurs ukrainiens étaient appelés aux urnes ce 21 avril pour le second tour de l'élection présidentielle. Présenté au début de la campagne comme un outsider, Volodymyr Zelensky, comédien et humoriste de 41 ans, doit sa notoriété à une série télévisée diffusée en Ukraine, Serviteur du peuple, où il incarne le président ukrainien. Il avait obtenu plus de 30% des voix lors du premier tour de l'élection présidentielle le 31 mars.
Une avance confortable face à son adversaire, Petro Porochenko, qui n'était parvenu qu'à glaner 16,7% des suffrages au premier tour.
Décevant, le résultat du président ukrainien est à l'image de son bilan. Gangrenée par la corruption, peu attrayante pour les investisseurs étrangers, l'Ukraine est sous perfusion financière depuis plusieurs années. Les lourdes dépenses militaires engagées pour poursuivre la guerre dans le Donbass, dans l'est du pays, ont fortement pesé sur l'économie, qui s'était contractée de près de 17% entre 2014 et 2015 avant de retrouver une croissance modeste de 2,1% en 2017.
L'Ukraine a réussi à négocier en 2015 une restructuration partielle de sa dette et obtenu un plan d'aide de 17,5 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI). En contrepartie, les autorités se sont engagées à instaurer une politique de rigueur. Pour autant, le versement de tranches financières, dont la dernière d'un milliard de dollars a été débloquée en avril 2017, a été retardé en raison des difficultés de Kiev à mettre en œuvre les mesures réclamées par le FMI.
Cette politique économique n'a pas été sans conséquences sur le plan social : selon une étude de l'agence de presse russe RIA Novosti sur la consommation des ménages européens, débutée en 2016 et achevée en 2018, la nourriture représente de loin le premier poste de dépense pour les ménages ukrainiens. Plus de la moitié de leurs revenus (50,9%) y sont en effet consacrés.
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