Le leader tchétchène Kadyrov condamne l'attentat, mais appelle à ne pas «provoquer les croyants»
Si le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov condamne l'acte terroriste, il a exhorté la France «à ne pas provoquer les musulmans». La Russie affirme pour sa part que l'assaillant n'avait plus de liens avec le pays depuis 2008.
L'assaillant tchétchène accusé d'avoir décapité un professeur en France a provoqué la réaction du leader tchétchène Ramzan Kadyrov d'une part, et de la Russie d'autre part. Les déclarations de Ramzan Kadyrov vont d'ailleurs certainement créer la polémique. «Cette tragédie laisse penser que la société française, quand elle parle de démocratie, la confond souvent avec la permissivité, la démonstration d'une attitude inadmissible envers les valeurs islamiques», a-t-il notamment expliqué le 17 octobre 2020 sur Telegram.
Il assure que l'islamiste Abdoullakh Anzorov «a passé presque toute sa vie en France, y ayant déménagé enfant avec ses parents, ayant grandi aux côtés des Français, communiquait, parlait et écrivait dans leur langue». «Et il était probablement conscient de ses actions, comprenant que l'Etat était sourd face aux croyants», justifie le dirigeant tchétchène.
«Nous condamnons cet acte terroriste et exprimons nos condoléances aux proches du défunt», affirme malgré tout Ramzan Kadyrov, qui «exhorte» même la France «à ne pas provoquer les croyants, à ne pas blesser leurs sentiments religieux».
«Ce n'est pas la première fois que les Français essaient de rejeter tous leurs problèmes sur les Tchétchènes», appuie-t-il également.
La communauté tchétchène se dit pour sa part «horrifiée» par la décapitation d'un professeur d'histoire, explique l'Assemblée des Tchétchènes d'Europe qui «condamne avec la plus grande fermeté» l'attentat commis par un individu d'origine russe et tchétchène de 18 ans. Cette assemblée basée à Strasbourg relève «qu'aucune communauté ne peut être tenue pour responsable pour tous les actes isolés de ses ressortissants».
Fondée en 2017 et rassemblant une vingtaine d'associations tchétchènes d'Europe, l'assemblée estime que «de façon quotidienne [ses] membres font un travail acharné contre l'extrémisme et appellent [ses] compatriotes au respect de la loi et au respect envers tous les membres des sociétés dans lesquelles ils vivent».
Ce crime n'a rien à voir avec la Russie
De son côté, l'ambassade de Russie, citée par les agences russes, atteste qu'Abdoullakh Anzorov n'avait plus de liens avec le pays depuis 2008.
«Ce crime n'a rien à voir avec la Russie, étant donné que cet individu vivait en France depuis 12 ans et avait été accueilli par la partie française», a dit Sergueï Parinov, un porte-parole de la représentation russe à Paris, à l'agence TASS.
«En l'occurrence, l'important n'est pas où il est né, mais où, quand et comment il a été converti à une idéologie terroriste que la Russie condamne, bien sûr, sous toutes ses formes», a-t-il ajouté.
Selon lui, l’assaillant présumé abattu, Abdoullakh Anzorov, est arrivé en France à l'âge de 6 ans avec toute sa famille, qui a obtenu le statut de réfugiée.
Ce statut, toujours selon la même source, conduit automatiquement à une déchéance de la nationalité russe.
«Il n'y a jamais eu de contacts avec l'ambassade», a par ailleurs assuré le diplomate, expliquant à l'agence RIA Novosti que l'ensemble de ses informations sur l'assaillant provenaient des autorités françaises.