Assassinat de Mohsen Fakhrizadeh : de nombreux pays exhortent à la retenue
Les appels à la retenue et condamnations ont été nombreuses à l'international à la suite de l'assassinat du physicien nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh survenu le 27 novembre.
De nombreux pays à travers le monde, notamment du Moyen-Orient, ont condamné l'assassinat du chef du département recherche et innovation du ministère iranien de la Défense, Mohsen Fakhrizadeh, survenu le 27 novembre 2020 près de Téhéran. Des appels à la retenue ont par ailleurs été lancés de toute part.
De son côté, l'Iran a affirmé ce 30 novembre que le scientifique avait été victime d'une opération «complexe» impliquant des moyens «complètement nouveaux», accusant par la même occasion le Mossad, les services secrets israéliens, d'en être responsable.
Dans un communiqué cité par l'agence de presse koweïtienne KUNA, le ministre des Affaires étrangères Ahmad Nasser Al Mohammed Al Sabah a exprimé son «rejet de tout ce qui augmenterait les tensions et saperait la stabilité dans la région», et présenté ses condoléances à l'Iran.
Son homologue libanais Charbel Wehbé a exhorté «toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter le glissement vers le pire scénario de la région», selon un communiqué cité par Reuters.
Le mouvement chiite libanais Hezbollah a déclaré que la réponse à l'assassinat était entre les mains de l'Iran.
Quiconque est derrière cet attentat et cherche à l'utiliser dans son propre intérêt politique doit être tenu responsable
La Russie exprime sa vive préoccupation
Le département de l'information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères a également publié ce 30 novembre un communiqué condamnant l'assassinat du chercheur iranien. «Nous exprimons notre vive préoccupation face à cet attentat provocateur qui vise manifestement à déstabiliser la situation et à accroître le risque de conflit dans la région. Quiconque est derrière cet attentat et cherche à l'utiliser dans son propre intérêt politique doit être tenu responsable», peut-on lire dans ce texte.
La stabilité et la sécurité de la région du Moyen-Orient et du Golfe persique constituent une priorité constante de la Fédération de Russie
Et d'ajouter : «La stabilité et la sécurité de la région du Moyen-Orient et du Golfe persique constituent une priorité constante de la Fédération de Russie. Nos efforts et initiatives au sein des Nations unies, d'autres plateformes internationales et dans le cadre de nos relations bilatérales avec les Etats de la région visent à mettre en œuvre cette priorité. Nous appelons toutes les parties à s'abstenir de toute action susceptible de provoquer une escalade des tensions.»
La veille et l'avant-veille, soit les 29 et 28 novembre, la Jordanie, les Emirats arabes unis, l'Irak, la Turquie et le Qatar avaient également condamné l'assassinat du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh.
Bien sûr, nous condamnons tout assassinat ou meurtre illégal
L'Iran a appelé le 27 novembre le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à condamner fermement cet assassinat et à prendre «les mesures nécessaires à l'encontre de ses auteurs». «Mettant en garde les Etats-Unis et Israël contre toute mesure risquée contre mon pays, en particulier pendant le reste de la gouvernance de l'administration actuelle des Etats-Unis, la République islamique d'Iran se réserve le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre son peuple et garantir ses intérêts», a par ailleurs écrit le représentant de l'Iran aux Nations unies, Majid Takht Ravanchi, cité par Reuters.
«Bien sûr, nous condamnons tout assassinat ou meurtre illégal», a déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole de l'Organisation le 28 novembre. Le porte-parole a aussi exhorté à «la retenue et à la nécessité d'éviter toute action qui pourrait mener à une aggravation des tensions dans la région».
La France suit «avec attention» la situation, inquiétudes à Londres et Berlin
Le ministère des Affaires étrangères français a appelé le 30 novembre à la «retenue» pour «éviter une escalade de tensions» régionales. «Dans un contexte régional tendu, nous suivons avec attention [les] répercussions en Iran et dans la région» de l'assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, souligne le Quai d'Orsay dans un communiqué.
«Nous appelons à la retenue, pour préserver les voies du dialogue et de la négociation», conclut le ministère français, en appelant à «éviter une escalade des tensions».
Nous attendons d'avoir une vue complète des faits
«Nous sommes préoccupés par la situation en Iran et dans la région», a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab sur Sky News, appelant à une «désescalade des tensions». «Nous attendons d'avoir une vue complète des faits», mais «nous nous en tenons à la règle du droit international humanitaire qui est très clairement contre le fait de cibler des civils».
Nous sommes très inquiets
«Nous sommes très inquiets concernant les informations en provenance d'Iran selon lesquelles Mohsen Fakhrizadeh a été tué dans un attentat», a indiqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand à l'AFP le 28 novembre.
«Nous appelons instamment toutes les parties à renoncer à toute démarche qui pourrait conduire à une nouvelle escalade de la situation», dont «nous n'avons absolument pas besoin en ce moment», a-t-il ajouté.
L'Iran crie vengeance
Le 28 novembre, les autorités iraniennes ont accusé Israël d'être derrière l’assassinat du savant atomiste Mohsen Fakhrizadeh. Le président Hassan Rohani a assuré que l'Etat hébreu souhaitait semer le «chaos», et a promis que la mort de Fakhrizadeh serait vengée «en temps et en heure». Il a ajouté qu'Israël avait agi en «mercenaire» des Etats-Unis.
Au Parlement iranien, les députés ont signé à l'unanimité le 29 novembre un appel à venger le scientifique. Ils prônent l’adoption d’une loi qui permettrait à l'Iran de mettre fin à l’autorisation donnée à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d’inspecter ses installations nucléaires.
La déclaration des membres du Majlis (Parlement iranien) a été lue le 29 novembre. Elle stipule qu'«une telle atrocité entraîne une réponse immédiate et regrettable» et propose «une relance de la brillante industrie nucléaire du pays en mettant fin à son adhésion volontaire au Protocole additionnel». Le porte-parole du Parlement, Mohammad-Baqer Qalibaf, a appelé à mettre en place «une réponse forte» face à cet assassinat.
Le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi a cependant fait savoir le 30 novembre qu'il n'avait pas reçu de notification d'arrêt de ses inspections et qu'il entendait bien poursuivre sa mission : «De notre côté, nous continuons et nous espérons bien que ce sera le cas de leur côté», a-t-il déclaré.
Mohsen Fakhrizadeh avait été accusé en avril 2018 par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou d'être le chef d'un programme nucléaire iranien à visée militaire dont l'Iran a toujours nié l’existence.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien s'est refusé à tout commentaire. Le quotidien américain New York Times a cependant indiqué qu'un responsable américain et deux responsables des renseignements avaient confirmé qu'Israël était derrière l'attaque, sans autre détail.