Aboutissement du projet Nord Stream 2 : quels impacts sur les relations internationales ?
Le chantier du gazoduc qui doit permettre à l'entreprise russe Gazprom d'écouler son gaz vers l'Europe via la mer Baltique touche à sa fin. Ce projet a suscité des tensions internationales, avec une opposition certaine de l'Ukraine et des Etats-Unis.
Le temps des ultimes soudures est venu pour Nord Stream 2. La dernière section du gigantesque projet de gazoduc a été mise en place, a annoncé son opérateur le 6 septembre, ce qui signifie l'achèvement prochain de ce chantier de 11 milliards de dollars qui doit permettre à l'entreprise russe Gazprom de doubler sa capacité d'exportation de gaz vers l'Europe en passant par la mer Baltique.
Gazprom a déclaré sur sa chaîne Telegram que le navire russe de pose de canalisations Fortuna avait soudé l'ensemble du pipeline prévu dans les eaux allemandes, et qu'il ne restait désormais qu'à le relier à la longue section implantée dans les eaux danoises pour achever le projet : «La prochaine étape est [la connexion] de la section du tuyau venant de la rive allemande à la section venant des eaux danoises pour un raccordement au-dessus de l'eau», a détaillé l'opérateur.
Gazprom a confirmé que «les travaux de pose de tuyaux sur le gazoduc Nord Stream 2 sont terminés» et espère que l'ouvrage sera opérationnel d'ici la fin de l'année 2021. Le pipeline doit encore être approuvé pour utilisation, une certification qui pourrait prendre jusqu'à quatre mois, en fonction des délais de vérification par le ministère allemand de l'Economie et par l'entreprise énergétique russe.
Kiev veut maintenir ses droits de transit
Ce nouveau gazoduc pourra transporter 55 milliards de mètres cubes de gaz par an, suffisamment pour approvisionner 26 millions de foyers, selon l'opérateur de Nord Stream 2. Mais il a déjà suscité l'opposition des Etats-Unis et de l'Ukraine, qui craignent l'augmentation de la dépendance de l'Europe vis-à-vis des importations énergétiques russes.
Le projet permettra également à la Russie de ne plus être obligée de faire transiter par l'Ukraine 40% de son gaz vers l'Europe, ce qui privera Kiev de 1,3 milliard d’euros de frais de transit que lui verse chaque année Gazprom. Ce qui avait poussé le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmer, lors de la visite la chancelière allemande Angela Merkel le 22 août, que Nord Stream 2 était «une dangereuse arme géopolitique du Kremlin».
Un prochain renforcement de la coopération gazière entre l'UE et la Russie sous l'impulsion de Paris ?
Pour rassurer Kiev et avec l'aval des Etats-Unis, la dirigeante allemande, qui va quitter son poste ce mois-ci, a convaincu Moscou de prolonger le contrat de transit de son gaz par l'Ukraine, qui devait expirer en 2024. Une «conclusion positive» selon l'éditorialiste Claude Blanchemaison, qui a estimé sur RT France ce 7 septembre qu'il «faudra probablement renouveler ce contrat et assurer que l'Ukraine touchera les mêmes droits de transit et ne sera pas pénalisée"».
Expert en relations internationales, l'ancien diplomate français a également souligné que l'achèvement de Nord Stream 2 qui permettra de prolonger «la tradition de coopération gazière» entre la France, l'Allemagne et la Russie, intervient à un moment où «les relations s'améliorent» entre les trois pays. Avec comme perspective, selon Claude Blanchemaison, la prise prochaine par la France de la présidence tournante de l'Union européenne, prévue au 1er janvier 2022, qui devrait permettre de «rediscuter» de la proposition franco-allemande de tenir un sommet entre l'UE et la Russie.