Jérôme Guedj traite Mélenchon de «salopard antisémite» : une fracture béante entre PS et LFI

Lors du congrès du Parti socialiste à Nancy, le député Jérôme Guedj a qualifié Jean-Luc Mélenchon de «salopard antisémite», ravivant les tensions entre les deux formations de gauche. Ce clash illustre une rupture irrémédiable, exacerbée par le 7 octobre 2023.
Au congrès du Parti socialiste (PS) à Nancy, le 14 juin 2025, Jérôme Guedj, député de l’Essonne, a jeté un pavé dans la mare en qualifiant Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI), de « salopard antisémite ».
Au congrès de Nancy, Jérôme Guedj électrise la salle en lançant un message à son ancien mentor @JLMelenchon, meurtri d’avoir été traité de « sioniste génocidaire » pendant des mois. « Pour la première fois de ma vie, j'ai dû dire de l'homme que j'ai aimé profondément qu'il est… pic.twitter.com/kJvZGOxIVT
— Antoine Oberdorff (@A_Oberdorff) June 14, 2025
Ces mots, prononcés à la tribune, ont suscité des applaudissements dans la salle mais aussi une vive controverse, creusant davantage le fossé entre les deux partis de gauche alors qu’Olivier Faure a mis en cause l’alliance des socialistes avec les Insoumis au début du mois de juin.
Les Insoumis s’indignent et demandent des excuses
Jérôme Guedj, ancien proche de Mélenchon et fervent défenseur de la Nupes en 2022, a exprimé une « meurtrissure terrible » face à la dérive, selon lui, du tribun insoumis, notamment depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Ce jour-là, afirme-t-il, LFI avait refusé de qualifier l’attaque de « terroriste », une position qui a marqué la rupture définitive entre Jérôme Guedj et Jean-Luc Mélenchon. Le député socialiste, de confession juive, reproche à LFI des propos « insupportables » et une rhétorique qu’il juge ambiguë sur le conflit israélo-palestinien, accusant Jean-Luc Mélenchon d’attiser les tensions communautaires. En réponse, le fondateur des Insoumis a exigé des excuses publiques du PS sur X, défiant Guedj de prouver ses accusations par des citations précises de ses discours ou écrits des quarante dernières années.
Je mets au défi Jérôme Guedj et quiconque de ceux qui l'ont applaudi de trouver dans mes écrits ou discours une seule fois au cours des quarante dernières années les expressions qu'il m'attribue. Et de même aux journalistes qui répètent à longueur d'intervention les injures de…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 15, 2025
« Le PS s’excuse ou assume ? », a-t-il lancé, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a évoqué des propos « inacceptables », réclamant une sanction contre Jérôme Guedj et les excuses du Premier secrétaire Olivier Faure.
Les propos de Jérôme Guedj sont inacceptables.
— Manuel Bompard (@mbompard) June 15, 2025
J'appelle solennellement Olivier Faure à présenter des excuses publiques. pic.twitter.com/2X1yp82j4q
Cette confrontation n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans une guerre des « deux gauches irréconciliables », théorisée dès 2016 par Manuel Valls. Les tensions, exacerbées par des désaccords sur la laïcité, l’universalisme et la stratégie électorale, fragilisent le PS, déjà divisé entre pro et anti-LFI. Olivier Faure, réélu premier secrétaire, tente de calmer le jeu, appelant à éviter « la polémique permanente ».
Mais la saillie de Jérôme Guedj illustre les difficultés des socialistes à se définir indépendamment de leur rival et allié insoumis, avec qui les alliances passées ont déjà suscité des controverses, au risque de s’affaiblir davantage face aux échéances électorales à venir.