Campagne de vaccination : Emmanuel Macron compare l'Europe à un «diesel»
Interrogé sur la campagne de vaccination européenne, le président français a comparé l'Europe à un «diesel». Alors que les retards de livraison se multiplient, l'exécutif ambitionne de vacciner 20 millions de Français d'ici la mi-mai.
Evoquant la campagne de vaccination de l'Union européenne à l'occasion d'un entretien avec Nikos Aliagas diffusé le 24 mars sur la chaîne de télévision grecque ERT, Emmanuel Macron a comparé l'Europe à un «diesel alors qu'il évoquait l'épineuse question du retard pris par l'Union européenne : «On est en train de [le] rattraper. On est un peu un diesel. On ne peut plus trop parler [par] les temps qui courent de ces moteurs, mais ça démarre lentement et ça va loin», a-t-il déclaré.
Développant son propos, le chef de l'Etat a reconnu que les Etats-Unis ont anticipé davantage la mise en place de la campagne de vaccination : «Les Américains ont eu un mérite dès l'été 2020, ils ont dit : "On met le paquet et on y va". Et donc ils ont plus [de vaccins]. Ils ont eu plus d'ambition que nous. Et le quoi qu'il en coûte qu'on a appliqué pour les mesures d'accompagnement, eux l'ont appliqué pour les vaccins et la recherche». Le chef de l'Etat a estimé que l'Europe n'était pas allée «assez vite, assez fort» sur la vaccination.
Trois ans et demi après son discours sur l'Europe prononcé sur la colline de la Pnyx à Athènes, le chef de l'Etat a par ailleurs indiqué à la télévision grecque qu'il formulerait «des propositions» sur l'avenir de l'Europe «au deuxième semestre en vue de la présidence française» de l'UE au premier semestre 2022.
Le fabricant AstraZeneca dans le viseur de la Commission européenne
Le chef de l'Etat a néanmoins rappelé que l'Union européenne avait commandé 2,5 milliards de doses. «Donc largement de quoi faire pour nous, pour la solidarité, pour prévoir la suite. Nous serons, d'ici au deuxième semestre, l'espace qui produira le plus de vaccins au monde», a-t-il indiqué. Des commandes qui ont bien du mal à être honorées, ce qui freine les campagnes de vaccination des pays membres de l'UE.
En cause notamment, le groupe pharmaceutique AstraZeneca, qui doit livrer 180 millions de doses promises dans le contrat signé avec l’Union européenne. Le fabricant a revu plusieurs fois le nombre de ses livraisons à la baisse en s'engageant toutefois à livrer au deuxième trimestre 70 millions de doses. Au premier trimestre, l’UE n'avait toutefois reçu au total que 30 millions de doses contre 90 millions initialement prévues. Comme le rapporte LCI, la situation a d'autant plus agacé la Commission européenne que plusieurs usines de production installées dans l’Union européenne ont exporté 10 millions de doses pour satisfaire le Royaume-Uni, qui, lui, rechigne à honorer des livraisons.
Après avoir formulé des menaces d'interdiction d'exportations au fabricant AstraZeneca s'il ne livrait pas l'Europe en bonne et due forme, la Commission européenne a finalement annoncé le 24 mars le renforcement du contrôle des exportations de vaccins contre le Covid-19 afin d'améliorer l'approvisionnement des pays membres.
En France, le gouvernement souhaiterait avoir vacciné 10 millions de Français mi-avril, 20 millions à la mi-mai et 30 millions mi-juin. Le 24 mars, le pays comptait environ 6,4 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin, dont près de 2,5 millions entièrement vaccinées. L'opposition a plusieurs fois dénoncé la stratégie vaccinale du gouvernement, jugée trop lente.