Tensions au Liban autour du désarmement du Hezbollah

Le gouvernement libanais annonce le retrait des armes du Hezbollah d’ici fin 2025, conformément à la résolution 1701, mais Naïm Kassem rejette ce calendrier, le qualifiant de «service à Israël». Les tensions internes s’intensifient face aux pressions internationales. La mise en œuvre reste incertaine.
Le 5 août 2025, le gouvernement libanais a annoncé un calendrier visant à retirer les armes du Hezbollah d’ici fin 2025, conformément à la résolution 1701 de l’ONU. Cette décision, prise lors d’une réunion du Conseil des ministres, s’inscrit dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu signé en novembre 2024 entre le Liban et Israël, exigeant le retrait du Hezbollah au sud du Litani et le démantèlement de ses infrastructures militaires.
Un plan d’action, élaboré par l’armée libanaise avant fin août, prévoit le déploiement exclusif de l’armée et de la FINUL dans cette zone, afin de garantir le monopole de l’État sur les armes. Cette initiative, soutenue par le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, répond aux pressions occidentales, notamment américaines, portées par l’émissaire Tom Barrack, s’appuyant sur l’idée que le Hezbollah compromet la souveraineté de l’État.
Plus de 3 700 violations du cessez-le-feu par Israël
Cependant, cette annonce a suscité une vive opposition de la part du Hezbollah, incarnée par son secrétaire général, Naïm Kassem. Dans un discours télévisé, ce dernier a rejeté tout calendrier de désarmement imposé sous la pression israélienne, qualifiant ces exigences de « service au projet israélien ». Il a accusé Israël de violer le cessez-le-feu de 2024 avec plus de 3 700 infractions, notamment par des frappes continues au Sud-Liban, et a insisté sur un dialogue interne libanais sans ingérence étrangère.
Naïm Kassem a réaffirmé que les armes du Hezbollah sont destinées à la résistance contre Israël, non à un usage interne, et a conditionné tout progrès à un retrait israélien des cinq points stratégiques occupés au Sud-Liban, à la libération des prisonniers et à l’arrêt des assassinats ciblés.
Cette divergence exacerbe les tensions au Liban, où des partis comme les Forces libanaises, dirigées par Samir Geagea, soutiennent le désarmement, accusant le Hezbollah d’entraver la construction d’un État souverain. Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan a averti qu’un désarmement forcé pourrait déclencher une « catastrophe sécuritaire ».
Alors que le Liban navigue entre pressions occidentales et divisions internes, la mise en œuvre de ce calendrier s’annonce complexe, dans un contexte de fragilité économique et de risques de tensions confessionnelles.