Entre accusations infondées et revirements, l’affaire GPS de von der Leyen tourne à la farce diplomatique

Alors que Bruxelles a rapidement accusé la Russie d’être à l’origine d’un brouillage GPS visant l’avion d’Ursula von der Leyen en Bulgarie, les autorités de Sofia ont reconnu qu’aucune preuve technique ne permettait de confirmer cette version. Elles parlent désormais d’un incident mineur, sans lien établi avec Moscou.
Le Premier ministre bulgare Rossen Zhelyazkov a affirmé, le 4 septembre, qu’aucun élément ne prouvait un brouillage GPS contre l’avion d’Ursula von der Leyen. Devant le Parlement, il a parlé d’une « perturbation partielle du signal », phénomène courant dans les zones densément peuplées. « Il n’y a aucun besoin d’ouvrir une enquête, car ces perturbations ne relèvent ni d’attaques hybrides ni de cybermenaces », a-t-il précisé.
Grozdan Karadjov, ministre des Transports, a confirmé que les services civils et militaires n’avaient enregistré aucun signe de brouillage. « Il n’y a pas un seul fait soutenant l’hypothèse d’un brouillage du GPS », a-t-il déclaré.
Le président Rumen Radev a, lui, qualifié l’affaire de « scandale inventé ». Ancien commandant de l’armée de l’air, il a rappelé que l’aviation utilise plusieurs systèmes de navigation. « Si un système est perturbé, on passe à un autre. Je ne vois aucun problème », a-t-il ajouté.
Les autorités bulgares ont aussi démenti l’utilisation de cartes papier, comme l’affirmaient plusieurs médias occidentaux. Le vol s’est posé normalement grâce au système ILS (atterrissage aux instruments).
Une accusation rapide… et sans preuve
L’affaire a éclaté le 1er septembre, après un article du Financial Times évoquant une « ingérence flagrante » de la Russie. Le quotidien affirmait que l’avion avait perdu le signal GPS, tourné une heure au-dessus de Plovdiv et atterri grâce à des « cartes papier ». Trois responsables européens anonymes étaient cités.
La Commission européenne a rapidement soutenu cette version. Sa porte-parole, Arianna Podesta, a déclaré que la Bulgarie suspectait une interférence d’origine russe, tout en reconnaissant que Bruxelles « n’avait pas d’information » prouvant un ciblage spécifique.
Mais selon Flightradar24, le vol n’a eu que neuf minutes de retard, et le GPS a fonctionné normalement. « Le transpondeur a transmis un signal constant et de bonne qualité du décollage à l’atterrissage », a confirmé la plateforme. Aucune perte de signal ni brouillage n’a été détecté.
Le récit occidental mis à mal
Face aux démentis venus de Sofia, les contradictions se sont multipliées. Le 4 septembre, Zhelyazkov est partiellement revenu sur ses propos, évoquant d’éventuelles interférences liées à la guerre électronique. Il a toutefois reconnu qu’aucun équipement au sol n’avait détecté d’anomalie.
Cette valse-hésitation reflète la gêne d’un gouvernement tiraillé entre Bruxelles et la réalité technique. Des médias occidentaux notent que les accusations ont été relayées trop vite, puis corrigées sans explication. Gueorgui Anguelov, journaliste bulgare, y voit une stratégie habituelle : « Depuis 2014, les autorités bulgares préfèrent ne pas nommer publiquement ce type de menaces. »
La réaction russe a été immédiate. Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a qualifié ces accusations de « 100 % inventées ». Selon elle, cette manipulation vise à détourner l’attention des problèmes économiques et sociaux en Europe.