Comment des espions israéliens ont infiltré la cache de Nasrallah

Des agents du Mossad ont infiltré en septembre 2024 un bunker à Beyrouth sous bombardements, installant des balises GPS pour guider les frappes israéliennes. Le 27 septembre, ces dispositifs ont permis l’élimination de Hassan Nasrallah, Abbas Nilforoushan et Ali Karaki lors d’une réunion secrète.
En septembre 2024, au cœur de la guerre entre Israël et le Hezbollah, des agents du Mossad ont orchestré une opération d’infiltration à Haret Hreik, bastion chiite de la banlieue sud de Beyrouth. Selon le quotidien israélien Yediot Ahronoth, ces espions ont pénétré dans un immeuble résidentiel abritant un bunker souterrain, quartier général secret du mouvement.
Leur mission : poser des balises sous les bombes pour guider les frappes aériennes. Déguisés en livreurs, ils ont traversé les ruelles et coordonné en direct avec l’unité 8200 pour éviter les tirs amis. Avant l’assaut final, les agents voulaient une pause, leur chef a choisi d’intensifier les frappes pour clouer les gardes du Hezbollah et créer l’ouverture.
Les renseignements, cruciaux, provenaient d’une surveillance : Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, devait y tenir une réunion sensible avec le général iranien Abbas Nilforoushan, commandant des Gardiens de la révolution en Syrie et au Liban, et Ali Karaki, chef du front sud, vu comme un successeur potentiel.
Un bunker gardé secret
Seuls une poignée de proches et de gardes du corps étaient au courant de ce bunker, conçu pour être impénétrable. L’équipe d’espions a placé les balises à des points stratégiques — murs, plafonds, accès — et s’est exfiltrée sans alerter quiconque, transmettant les coordonnées GPS en direct.
Le 27 septembre 2024, à 18 h 12, les F-15 et F-16 israéliens ont largué 80 bombes de 2 000 livres sur le site, provoquant des secousses telluriques ressenties jusqu’au centre de Beyrouth. Nasrallah, Nilforoushan et Karaki ont été tués sur le coup, un revers majeur pour le Hezbollah, qui a perdu trois figures clés en une frappe.
Cette opération, qualifiée de « chef-d’œuvre » par les services israéliens, s’inscrit dans une campagne plus large : depuis le cessez-le-feu du 27 novembre 2024, Israël cible quasi quotidiennement des infrastructures du Hezbollah, accusé de reconstruire ses arsenaux.
Certains analystes libanais évoquent une trahison interne ou des complicités locales, plutôt qu’une simple infiltration extérieure. « Comment des étrangers ont-ils pu naviguer si facilement dans nos lignes ? », s’interroge un cadre du parti.