Bruno Retailleau fustige Mai 68 et propose la prison comme réponse à la délinquance juvénile

Bruno Retailleau fustige Mai 68 et propose la prison comme réponse à la délinquance juvénile© X / Bruno Retailleau
Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, présidant les préfets pour un séminaire consacré au séparatisme et à l’entrisme, Beauvau le 12 juin 2025. (Photo d'illustration)
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Dans une interview accordée au JDD le 14 juin, le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, revient sur le drame survenu au collège de Nogent-sur-Marne. Il fustige Mai 68, dénonce une société en perte de repères et appelle à une série de réformes en profondeur, tant juridiques qu’éducatives et institutionnelles.

L’agression survenue à Nogent, quelques semaines après le meurtre d’une lycéenne à Nantes, témoigne selon Bruno Retailleau d’un phénomène plus large que de simples faits isolés.

« Ce qui s’est passé à Nogent n’est pas un fait divers. C’est un fait de société », affirme-t-il. Pour lui, ces événements sont les symptômes d’un « ensauvagement » progressif qui s’enracine dans plusieurs décennies de choix idéologiques.

« Ce que nous payons aujourd’hui, c’est la facture de Mai 68. On nous avait promis la plage sous les pavés. Mais c’est la rage qui est remontée. Une rage qui surgit dans le vide laissé par les déconstructeurs : plus d’interdits, plus de respect, plus d’autorité, plus de repères ».

Des causes profondes et des tabous à faire tomber

Retailleau distingue deux niveaux de causalité. D’une part, les facteurs immédiats : « réseaux sociaux, confusion entre réel et virtuel, violence banalisée ». D’autre part, ce qu’il appelle les « causes racines » : une perte de repères, d’autorité et d’interdits depuis plusieurs décennies. À ses yeux, ces évolutions ont affaibli les cadres éducatifs, parentaux et scolaires.

Le ministre de l'Intérieur appelle à remettre en question deux « tabous » qu’il considère comme des freins à l’efficacité des politiques publiques. Le premier concerne l’incarcération des mineurs : « Aujourd’hui, la véritable école du crime, c’est la rue. Trop de jeunes violents y vivent sans sanction réelle ». Il plaide pour des peines courtes dès le premier délit grave, et pour l’abrogation de la loi Belloubet de 2019, qui, selon lui, rend ces peines inapplicables.

Le second point concerne les parents. Il propose de faire appliquer l’article 227-17 du Code pénal, qui sanctionne les manquements graves à l’autorité parentale, et d’assortir les aides sociales d’obligations éducatives. « Une aide sans contrepartie, ce n’est plus une aide : c’est un chèque en blanc ».

Bruno Retailleau souligne que « l’on ne peut pas transmettre des savoirs quand il n’y a plus de savoir-être ». Il propose la création, dans chaque département, d’établissements spécialisés pour mineurs violents, avec des règles strictes, un internat et une discipline pouvant aller jusqu’à un cadre quasi militaire. Objectif : « Réapprendre les bases du comportement : le respect, les limites, la discipline ».

La responsabilité des politiques

Retailleau reproche aux responsables politiques une gouvernance dictée par l’émotion et la réaction immédiate. « Les responsables politiques se sentent sommés de répondre dans la minute, comme s’ils étaient prisonniers de l’actualité. Moi, je refuse cette logique de l’instantané ». Il appelle à privilégier des réponses structurelles, loin des « coups de menton » médiatiques.

Le président des Républicains identifie trois grandes « illusions » qu’il juge responsables de la situation actuelle : l’idée qu’on peut « travailler moins et vivre mieux », la conviction que « l’immigration est une chance » sans réserve, et le slogan de Mai 68 « Il est interdit d’interdire ». Ces dogmes auraient, selon lui, fragilisé la cohésion sociale, sapé l’autorité et contribué à la fragmentation du pays.

Tout en dénonçant les errements de la gauche, Retailleau reconnaît une part de responsabilité à sa propre famille politique : « Trop souvent, la droite s’est contentée d’être une gauche un peu moins dépensière, un peu plus sécuritaire ». Il appelle à une « révolution idéologique » assumée, qui replacerait les notions d’autorité, de mérite et d’assimilation au cœur du projet politique.

Retailleau veut remettre la souveraineté populaire au cœur du droit : « Le vrai risque aujourd’hui, c’est que l’État de droit, tel qu’il fonctionne, entre en conflit avec la démocratie ». Il plaide pour un usage plus direct du référendum et une réforme de l’article 11 de la Constitution, afin de rendre certaines décisions politiques moins dépendantes des institutions traditionnelles.

Opposition ferme à la proportionnelle

Il se dit opposé à la réforme électorale instaurant la proportionnelle, y voyant une source d’instabilité : « La Ve République repose sur le fait majoritaire. Instaurer la proportionnelle, c’est graver l’instabilité dans nos institutions ». Il avertit que cette réforme, si elle aboutit, constituerait une ligne rouge.

Retailleau conclut sur sa volonté de reconstruire une droite cohérente, fondée sur le travail, l’autorité, la maîtrise de l’immigration et la revalorisation de l’école. Il se dit convaincu que ces positions sont en phase avec une majorité silencieuse de Français : « Je suis convaincu qu’elles peuvent convaincre aussi ceux qui ont voté Emmanuel Macron ou Marine Le Pen ».

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