New York Times : «L’extension et l’expansion de la guerre ont été bénéfiques pour Netanyahou»

Le journal américain New York Times est revenu sur l’histoire interne des manœuvres et des calculs politiques du Premier ministre israélien depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, révélant des réunions secrètes, des falsifications de documents et des renseignements ignorés. Autant d’actes qui n’ont en commun que sa survie politique.
La survie politique par la guerre. Dans un long papier issu d’une enquête minutieuse sur les calculs et les manœuvres politiques du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, le quotidien américain New York Times a recueilli les déclarations de plus de 110 officiels israéliens, américains et du monde arabe et examiné des dizaines de documents, incluant des procès-verbaux de réunions, des plans de guerre et des dossiers judiciaires depuis l’attaque du 7 octobre. L’enjeu n’était rien d’autre que la survie politique du chef du gouvernement israélien, dont le pouvoir, vacillant juste avant l’attaque du Hamas, avait perduré pendant 18 ans.
Instrumentaliser la guerre à Gaza pour assurer sa « résurrection politique »
Pour se maintenir au pouvoir, le Premier ministre israélien devait composer avec une coalition fragile, dont la survie reposait sur le soutien de ministres de l’extrême droite israélienne, à savoir Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Or, pour ces deux derniers, la poursuite de la guerre et l’occupation de Gaza était une condition sine qua non pour rester au sein de la coalition. En perdant son poste à la tête du gouvernement, Netanyahou devenait vulnérable aux poursuites judiciaires pour corruption entamées à son encontre depuis 2020.
Si la guerre de 12 jours contre l’Iran de juin dernier a été largement considérée comme un moment de gloire pour Netanyahou, explique le New York Times, ce conflit marque le point culminant d’un retour de popularité durement gagné depuis l’échec militaire le plus meurtrier de l’histoire d’Israël en octobre 2023. Les officiels interrogés par le quotidien américain s’accordent tous sur un même point : « La prolongation et l'expansion de la guerre ont été bénéfiques pour Netanyahou. » Ce conflit devait s’essouffler au début de l’année 2024 et les prévisions penchaient pour un effondrement de la coalition qui maintenait le Premier ministre au pouvoir, ce dernier devant être tenu pour responsable du désastre du 7 octobre.
Or, Netanyahou a exploité la guerre pour améliorer sa situation politique, d'abord simplement pour survivre, puis pour triompher selon ses propres conditions, explique le New York Times. Près de deux ans après l’attaque catastrophique contre Israël, et toujours confronté à de graves accusations de corruption, il a de bonnes chances de gouverner Israël jusqu’aux élections générales prévues pour octobre 2026, qu’il pourrait bien remporter en théorie.
Triomphe apparent en Israël, honte à l’international
Le triomphe apparent de Netanyahou en Israël n’a pas pour autant caché une réalité macabre, imposée par la guerre à Gaza, affirme le journal américain. Avec un territoire rasé dans son écrasante majorité, un bilan meurtrier d’au moins 55 000 Palestiniens tués, des civils en grande partie, dont au moins 10 000 enfants de moins de 11 ans, Israël aura mené sa guerre la plus longue et l’une des plus meurtrières depuis la création de l’État hébreu.
Avec un conflit qui n’en finit plus, Israël a perdu en sympathie internationale acquise au lendemain de l'attaque du Hamas. Le New York Times souligne même que cette sympathie s’est transformée en une honte qui ne cesse de grandir sur la scène internationale, avec des accusations de génocide contre Israël devant la Cour internationale de justice et des mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant. Même en Israël, la guerre prolongée a exacerbé les profonds désaccords sur les priorités du pays, la nature de sa démocratie et la légitimité de Netanyahou en tant que dirigeant, indique le journal américain, mais le fait est que pour le Premier ministre, le bénéfice est acquis : il a survécu politiquement.