Restrictions à Marseille : Olivier Véran tente d'apaiser la colère des restaurateurs et des élus
- Avec AFP
En visite à Marseille, où restaurateurs et élus sont vent debout contre les nouvelles restrictions destinées à enrayer le Covid-19, le ministre Olivier Véran a défendu ses annonces, qu'il considère comme «nécessaires» mais «pas arbitraires».
Olivier Véran est allé à la rencontre des Marseillais le 25 septembre afin d'expliquer les dernières restrictions, visant à lutter contre l'épidémie du coronavirus. Des mesures qui ont provoqué l'ire des acteurs locaux.
«J’ai parfaitement conscience que certaines des mesures font débat […] soulèvent des inquiétudes, des interrogations, voire de la colère», a reconnu Olivier Véran lors d'une conférence de presse à l'hôpital public de La Timone. «Ces mesures, elles sont nécessaires, elle sont temporaires, mais elles ne sont pas arbitraires», a-t-il ajouté.
Entouré des médecins des hôpitaux de Marseille, j'ai rendu compte de la situation sanitaire précise et des perspectives pour les semaines à venir. pic.twitter.com/54jLvTh9NF
— Olivier Véran (@olivierveran) September 25, 2020
Le gouvernement a placé le 23 septembre Marseille, qui détient le record de France métropolitaine du taux d'incidence de la maladie le plus haut (à 281 cas pour 100 000 selon les autorités), en «zone d'alerte maximale» et annoncé notamment pour la métropole Aix-Marseille la fermeture totale des bars et restaurants pour 15 jours à compter du 26 septembre.
Rassemblement devant le tribunal de commerce
Ces annonces ont provoqué un tollé chez les élus locaux de tous bords de la région, et chez les restaurateurs et cafetiers. Le 25 septembre au matin, plusieurs centaines d'entre eux, soutenus par des élus, se sont rassemblés devant le tribunal de commerce de Marseille, où ils disent craindre de devoir bientôt déposer le bilan, selon Bernard Marty, le patron local de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie.
Devant le tribunal de commerce, Hugo Chauffournier, gérant d’un bar sur le Vieux-Port, a assuré à l'AFP vouloir continuer à «militer démocratiquement pour le moment». «Mais si ça ne marche pas il va falloir penser à d’autres solutions», a-t-il mis en garde.
Unis contre les mesures gouvernementales, annoncées sans concertation selon eux, des élus de tous bords ont rejoint la manifestation. Sur Twitter, avec le hashtag #RESISTANCE, l'adjointe à la maire de Marseille Samia Ghali (divers gauche), présente au rassemblement, a prévenu : «Si cette décision est maintenue, la ville de Marseille n'apportera pas son concours pour mettre en place les fermetures.»
🔴 #RÉSISTANCE | Devant le Tribunal de Commerce en soutien aux cafetiers, bars et restaurants face aux décisions injustifiées et unilatérales du @gouvernementFR. Si cette décision est maintenue, la ville @marseille n’apportera pas son concours pour mettre en place les fermetures. pic.twitter.com/6gduw4Qw9X
— Samia GHALI (@SamiaGhali) September 25, 2020
L'élue a aussi précisé soutenir la démarche du président Les Républicains de la région, Renaud Muselier, qui a annoncé le 24 septembre qu'il déposerait un référé-liberté contre l'arrêté préfectoral imposant les nouvelles mesures. Si ce dernier a salué des «avancées significatives» à l'issue d'une réunion en préfecture avec des élus et Olivier Véran le 25 septembre (le report à dimanche soir, au lieu de samedi, de la fermeture des bars et restaurants), il se réservait toujours la possibilité de le déposer en fonction du texte de l'arrêté, a précisé la Région à l'AFP.
Côté majorité présidentielle, dans une lettre commune au ministre de la Santé, les députés LREM des Bouches-du-Rhône ont mis en garde contre «un climat de défiance», et lui ont demandé de réévaluer la situation au bout d'une semaine, au lieu de 15 jours comme annoncé.
En attendant que la situation s'améliore d'elle-même, «nous risquons de devoir prendre des mesures encore plus fortes que celles que nous venons d'annoncer», leur a répondu le ministre.
L'arrêté qui doit définir ces nouvelles mesures polémiques n'avait toujours pas été publié au 25 septembre après-midi. Va-t-il concerner l'ensemble de la métropole Aix-Marseille, qui couvre 3 000 km2 et compte 1,8 million d'habitants répartis dans 92 communes ? Quand va-t-il entrer en vigueur ?
Guerre des chiffres
Et le professeur Didier Raoult a relancé le 25 septembre le débat autour des chiffres de l'épidémie et de la nécessité de nouvelles mesures, affirmant que «les données de Santé Publique France [consolidées] n'[étaient] pas en mesure de justifier la moindre panique» à Marseille.
Une analyse partagée par les élus opposés aux nouvelles mesures, mais nuancée par Sophie Vaux, épidémiologiste à Santé Publique France : «Dans certaines régions, il y a peut-être une stabilisation, mais on reste très prudents.»
Olivier Véran semble en tout cas beaucoup plus préoccupé de la situation. Dans un tweet enrichi d'un tableau chiffré, il a estimé que «la situation sanitaire s’était fortement dégradée à Marseille depuis plusieurs semaines, faisant courir un risque majeur : que le système de santé ne soit plus en capacité d’accueillir et de soigner les nouveaux malades en réanimation». Il a ainsi justifié des «mesures impopulaires [car] des vies en dépend[ai]ent».
La situation sanitaire s’est fortement dégradée à #Marseille depuis plusieurs semaines, faisant courir un risque majeur : que le système de santé ne soit plus en capacité d’accueillir et de soigner les nouveaux malades en réanimation. https://t.co/HWYlgtOPz1pic.twitter.com/DxVi4bK4mc
— Olivier Véran (@olivierveran) September 25, 2020
Selon le dernier bilan national, 15 797 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures. En Ile-de-France, l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a déjà prévenu qu'elle était contrainte de déprogrammer 20% des opérations chirurgicales dès ce week-end.